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«L’épisode de l’altération de la viande risque de se reproduire»

L’année dernière au lendemain de la fête de l’Aïd El Adha, des milliers de carcasses de moutons avaient été jetées du fait de l’altération de la viande qui avait bleuie et qui était devenue inconsommable. Une altération due à deux raisons, selon Akli Moussouni, expert agronome qui impute cette situation à deux facteurs. «Les familles algériennes ont oublié que le sacrifice du mouton est intervenu au moment où les températures étaient élevées, dépassant largement le seuil préconisé pour stocker dans de telles conditions de la viande plus de deux ou trois heures. Cette température qui était de l’ordre de 7 à 10% plus élevée, a fait qu’au bout d’une journée d’attente comme de coutume avant de procéder à la découpe de la carcasse, cette dernière a tourné et il y a eu altération de la viande. Le deuxième facteur est que cette altération a été anormalement accélérée pour la simple et unique raison que la qualité de la viande pose problème en matière de sa structure. Avant, l’élevage ovin se pratiquait avec des aliments issus de la nature, que ce soit en montagne ou dans les steppes. Le mouton consommait naturellement sa ration alimentaire diversifiée en herbes ou en éléments minéraux. Toutefois, la pauvreté qui a touché la steppe a fait que l’hectare de steppe qui produisait une dizaine d’unités fourragères à l’hectare n’en produit plus que deux à trois. La pauvreté des parcours a fait que les agriculteurs se sont tournés pour alimenter leur cheptel avec un complément qui n’est pas destiné au cheptel. Globalement, ils l’ont alimenté en maïs, en rajoutant les composés minéraux vitaminés (CMV) qui est destiné dans bien des cas à l’alimentation de la volaille. Ce qui a posé un problème d’équilibre dans la constitution de la viande en elle-même. De ce fait, l’altération de cette viande a été rapide en plus des températures élevées, en la rendant ainsi impropre à la consommation», explique M. Moussouni. Ce dernier, d’ailleurs, fait montre de pessimisme pour cette année en craignant que cet épisode se renouvelle : «Il faut savoir que rien n’a été fait pour expliquer les raisons de la détérioration rapide de la viande de mouton. Il n’y a pas eu de sensibilisation pour prévenir les ménages effectuant le sacrifice, de ne pas laisser la carcasse de mouton à l’air libre après immolation. Et au niveau de l’alimentation du cheptel, la situation a empiré, car l’alimentation est chère et les moutons sont sous alimentés, notamment en ce qui concerne l’apport en éléments minéraux. Cette année, il n’est pas exclu de se retrouver face à la même situation que celle connue l’année dernière», estime M. Moussouni.

H. B.

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