L’aquaculture est un créneau novateur sur lequel misent les autorités de la wilaya de Bouira, à leur tête la Chambre d’agriculture en collaboration avec la direction de la pêche de la wilaya de Tizi-Ouzou.
La semaine dernière, un ensemencement de plusieurs bassins d’irrigation a été réalisé au profit d’agriculteurs désirant investir dans l’élevage de poissons. C’est le docteur Hassina Hakoum, chef de service aquaculture au niveau de la direction de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya de Tizi-Ouzou, qui a conduit cette opération d’ensemencement visant plusieurs bassins d’irrigation. Ainsi, pas moins de 60 000 alevins de l’espèce tilapia rouge, provenant de l’écloserie mobile de Tabia (Sidi Bel Abbes), ont été répartis entre la wilaya de Bouira et Tizi-Ouzou. «Le tilapia rouge, au bout de six mois, peut être commercialisé et sa croissance ne nécessite pas une longue durée, bien au contraire. Il s’agit d’une espèce rustique et résistante à la chaleur. Nous avons choisi la localité d’El-Esnam à cause de son climat chaud qui y est favorable, car le tilapia est sensible au froid», indiquera le docteur Hakoum. Le tilapia rouge est une espèce qui est devenue, ces dernières années, le poisson le plus consommé dans le monde en raison de la facilité de son élevage. Peu cher à nourrir, très résistant, bien adapté à l’aquaculture (il a besoin de peu de place), le tilapia n’est pas cher à produire. Toutefois, beaucoup de spécialistes de la santé tirent la sonnette d’alarme sur les risques de consommation de ce poisson à croissance relativement rapide, car souvent produit sans le respect des normes de qualité exigées. Argument irrecevable, selon la chef de service aquaculture de la direction de la pêche de Tizi-Ouzou, qui précise : «à ma connaissance, il n’y a aucune toxicité dans ce poisson s’il n’y a pas de toxicité dans son environnement immédiat et aucun danger de le consommer par la suite. On a déjà expliqué aux agriculteurs concernés par la formation, vu que l’aliment n’est pas disponible, qu’il existe des techniques traditionnelles qu’on peut adopter à ces espèces pour une croissance rapide et saine. Les éleveurs devront lui donner des déchets de fruits et de légumes pour assurer un élevage bio et fertilisera son bassin par des eaux riches en oligo-éléments.»
Le tilapia rouge vivement décrié par les experts de la santé
Cette espèce est décriée et qualifiée de très toxique pour la santé du consommateur. Dans d’autres pays où l’aquaculture «vivrière rurale» est coutumière, il est fait état de tilapias nourris avec un régime dénaturé malsain de granulés de maïs et de soja OGM et parfois d’excréments et fientes de volailles. De ce fait, sa consommation provoquerait des détériorations dans le corps. Par ailleurs, ce poisson d’élevage intensif contiendrait dix fois la quantité normale d’agents qui causent le cancer par rapport aux poissons évoluant à l’état sauvage. Le risque majeur de consommer ce poisson proviendrait également des quantités plus élevées de pesticides retrouvées dans le tilapia, car des pesticides sont utilisées dans les exploitations agricoles et restent souvent contenus dans leur corps après la récolte. L’autre préoccupation soulevée par les experts serait le niveau élevé de dioxines dans les poissons d’élevage. Les dioxines sont des substances mortelles qui, une fois ingérées dans le système, peuvent prendre jusqu’à dix ans pour quitter le corps. Les niveaux de dioxine sont onze fois plus élevés dans les poissons d’élevage que dans les poissons sauvages. Il a été prouvé, d’ailleurs, scientifiquement que le tilapia d’élevage est moins riche en composés bénéfiques que les tilapias sauvages. Ils contiennent moins de protéines et beaucoup plus de graisses insaturées oméga 6 que d’oméga 3. Et si les proportions d’oméga 3 et d’oméga 6 sont déséquilibrées, cela engendre des effets néfastes pour l’organisme.
Hafidh Bessaoudi

