Pourquoi il n’y a que les fourmis qui sortent intelligemment au printemps ?

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l Le printemps est là. Les fourmis aussi. Mais elles, ces individus extraordinairement sociaux, sortent de leurs fourmilières pour vivre en harmonie avec le rythme de la nature: elles se mettent au soleil pour emmagasiner la chaleur. Leur horloge biologique est naturellement réglée pour servir l’intérêt suprême de  » la République fourmilière. « Le printemps est là. La Kabylie, celle dont l’horloge biologique est terriblement déréglée, aussi. Cette Kabylie n’a pas l’intelligence de la fourmi. Sous l’emprise des barbituriques bon marché, de l’alcool et des marionnettistes tapis dans l’ombre, elle sort de huit mois d’hibernation pour empêcher la Kabylie du Printemps berbère de profiter du soleil et de continuer son bonhomme de chemin. Cette Kabylie va encore une fois – elle y est déjà – nous ressortir le triptyque  » pneumatique, déclarations, lacrymogène « . Pendant ce temps, même l’épicier du village ne songe qu’à prendre la poudre d’escampette et d’aller ouvrir sa boutique ailleurs. Pendant ce temps, I’islamiste local se meut à son aise. Lui qui n’a jamais désespéré de formater la cité puis la t’salafiser  » prend tout son temps. Lui, il est là été, hiver, automne et printemps. Il est là treize mois sur douze, et comme la fourmi, il sert intelligemment sa république. Le printemps est là. Le politique toujours pas. Il est confiné dans son silence-radio et emmuré dans sa condescendance feutrée. Il faut attendre le prochain scrutin pour le voir arpenter en sueur routes, piste et sentes. Il promettra et jurera par tous les saints aux foules de plus en plus squelettiques et de moins en moins niaises que pour peu que qu’elles voteront pour lui, I’Algérie serait enfin libre et démocratique. Tout le temps que durera la campagne, il prendra tout son temps et ne lésinera sur aucun moyen pour faire parvenir sa voix au fin fond de la Kabylie et surtout, réussir à faire glisser celle de son auditoire dans « son urne ». Après tant d’efforts associés aux inévitables considérations tribales, il réussira à partager une assemblée populaire communale avec quatre autres politiques, que désigneront une dizaine de voix exprimée sur les quatre cents inscrites. Trois mois plus loin, ces cinq élus ravaleront leurs promesses faites en prenant à témoin tous les saints du village. Cependant, et il faut les reconnaître cela, ils réussiront approximativement la collecte d’ordures. Pendant le temps que durera leur mandat et en attendant les incertitudes que charriera le prochain printemps pneumatique, la Kabylie s’enfonce davantage dans les abysses islamistes sur fond d’absinthe avec de Musset en moins. Le printemps est là. Le politique et le citoyen toujours absents.

T. Ould Amar

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