L’Aïd, c’est demain. Les nombreux Subsahariens et réfugiés installés à Tizi-Ouzou et à travers tout le territoire national ont incontestablement le droit de célébrer cette fête religieuse, à l’instar de tous les musulmans du monde.
Ces hommes, ces femmes et ces enfants ayant abandonné leurs terres, leurs domiciles et leurs repères ont, en effet, le droit de festoyer durant la fête du sacrifice, d’autant que la plupart d’entre eux, sinon tous, sont de confession musulmane. Ce sont nos frères, et en terre musulmane, tous les hommes et toutes les femmes doivent avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs. Une dizaine de moutons à immoler dans le centre d’accueil, en présence de tous les migrants, permettrait sûrement à ces derniers de retrouver, un tant soit peu, le sourire et de goûter, le temps de deux jours, à la joie que procure ce genre d’événement. Hélas et selon les informations recueillies auprès de la wilaya et de la direction de l’action sociale, aucune opération de ce genre n’est envisagée pour cette catégorie à cette occasion. Les probables aides des bienfaiteurs et des donateurs sont peut-être le seul espoir qui leur reste pour goûter aux délices de l’Aïd El-Adha. Rencontré, le chef de cabinet du wali, Mohamed Dehri, indiquera à ce sujet: «Pour nous, les actions humanitaires et de solidarité se font à longueur d’année. Les réfugiés bénéficient d’un centre d’accueil doté de toutes les commodités. Durant l’hiver dernier, ils ont bénéficié aussi de repas chauds à titre humanitaire. Pour cette fête de l’Aïd, la direction de l’action sociale s’en occupe et même les bienfaiteurs vont aussi y contribuer. Leur générosité permettra aux Subsahariens de fêter l’Aïd dans la joie, à l’instar de tous les musulmans du monde. Les services de wilaya apportent aussi leur soutien aux centres psychopédagogiques et des personnes âgées, aux pouponnières et à toutes les personnes en détresse. La solidarité de l’État et l’hospitalité du peuple algérien existent à longueur d’année». Ce sont là les propos du chef de cabinet du wali.
L’eldorado manqué !
Des hommes, des femmes, des jeunes et des enfants en bas âge sont arrivés en masse en Algérie, après avoir fait des centaines de kilomètres, en traversant le grand désert et défiant des conditions climatiques extrêmement difficiles. Ni la fatigue, ni la soif ou la maladie n’est venue à bout de leur volonté. Ils ont également échappé au contrôle, pourtant rigoureux, au niveau des frontières sud. Si ces gens-là sont arrivés un peu partout en Algérie, et ailleurs aussi, c’est parce que leurs vies étaient menacées, soit par la guerre, soit par la famine. En effet, leurs pays d’origine, le Niger, le Mali et parfois le Tchad, font face soit à la guerre ou à l’extrême pauvreté, causée principalement par la sécheresse. Des contrées où rien ne pousse: ni céréales, ni légumes, ni fruits, ni riz… Les aides humanitaires qui leur parviennent ne sont pas assez importantes pour garantir à tous au moins un repas par jour. En sus de ne pas avoir quoi se mettre sous la dent, ces populations ont vu leur sort aller de mal en pis, car la bêtise humaine, la guerre, s’y est mêlée et a, dramatiquement, compliqué la donne. Une situation, faut-il le rappeler, qui a déjà fait couler le sang de milliers de victimes.
Le trépas
Ces centaines de personnes que l’on voit chaque jour, au niveau du chef-lieu de Tizi-Ouzou, ou aux chefs-lieux communaux, et même dans les patelins les plus reculés, quémandant quelques sous aux passants et autres automobilistes pour subsister, ont fui leurs pays pour s’accrocher à la vie. Ils ne sont pas là pour devenir riches, mais seulement pour préserver leur vie et celle de leurs familles. L’Algérie, ayant signé les conventions garantissant le droit des personnes réfugiées, leur a ouvert ses portes et fait du mieux qu’elle peut pour leur venir en aide. À Tizi-Ouzou, les autorités de wilaya, la direction de l’action sociale et l’APW ne sont pas restées les bras croisés face à leur détresse. En décembre dernier, alors que qu’ils traînaient dans les rues et dormaient sous les ponts et les trottoirs, la wilaya et l’APW ont conjugué leurs efforts et ont mis à leur disposition un centre d’accueil (la structure de l’ex-ONABROS) au niveau de la pompe Chaâbane, à la sortie est de la ville de Tizi-Ouzou. De la literie, du chauffage, de l’électricité, de l’eau et des repas chauds leurs ont été assurés pendant tout l’hiver. Au printemps, les réfugiés ont décidé de quitter le centre d’accueil, et ont, alors, réinvesti les ruelles, les ponts et quelques placettes de la ville. Dans lieux qu’ils occupent, l’insalubrité, les risques de maladies et parfois la violence ont alerté les pouvoirs publics qui ont pris la ferme décision de les reloger dans un centre d’accueil où toutes les commodités sont réunies. La direction de l’action sociale a pris à bras le corps la gestion de ce centre. Les donateurs et les bienfaiteurs ont, aussi, fait montre d’une appréciable générosité pour garantir le minimum aux pensionnaires.
Hocine T.

