C’est une véritable course contre la montre que sont en train de mener les partis politiques et les nombreuses listes indépendantes, qui aspirent à participer aux locales APC-APW du 23 novembre prochain, à Tizi-Ouzou. Du côté de l’administration et de la haute instance de surveillance des élections, la préparation va bon train. Chez les citoyens, ce n’est pas encore le grand emballement, c’est le moins qu’on puisse dire. En effet, depuis la convocation du corps électoral, la DRAG a, d’après les chiffres communiqués par le chef de service réglementation M. Hacène Laoufi, enregistré 89 retraits, dont 11 des partis politiques et le reste sont toutes des listes indépendantes. Dans le détail, pour l’APW, il y a eu 14 retraits, dont 4 sont des indépendants. Une petite lecture des chiffres permet de conclure à l’émergence des indépendants. Mais pourquoi donc ce choix de se présenter en candidat indépendant ? Chacun ses motivations. M. Hmaidi à titre d’exemple, ex-P/APC de Tadmaït sous la bannière du FFS deux fois et deuxième sur la liste indépendante Izuran menée par le député Ben Belkacem lors des législatives passées, n’a pas encore achevé sa collecte de signatures, mais il reste confiant et convaincu qu’il y arrivera. Pour lui, travailler en indépendant «c’est exercer le pouvoir local sous le seul œil de la population». C’est aussi «avoir plus de champ de manœuvre». Les chiffres avancés serait-ils donc révélateurs et annonciateurs d’une reconfiguration de la carte politique dans la wilaya de Tizi-Ouzou, dont les premiers signes étaient les deux sièges indépendants obtenus pour la première fois dans l’histoire de la wilaya lors des législatives passée ? En attendant, ces chiffres ne traduisent pas forcément le nombre de listes indépendantes qui participeront, d’une manière officielle, à ces élections. Pour toutes ces listes, le chemin reste rude. Récolter des signatures est un passage obligatoire imposé par la nouvelle loi électorale. 50 pour chaque candidat sur la liste. Le nombre de candidat sur chaque liste est déterminé selon le nombre de siège dans la municipalité, sans compter les suppléants. À ce propos, il est bon de savoir qu’au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou, on distingue trois catégories de communes : celles à 13 sièges, celles à 15 sièges et d’autres à 19 sièges, selon le nombre d’habitants. La commune du chef-lieu, elle, compte 33 sièges. Pour l’APW, Tizi-Ouzou compte 49 sièges. Les partis politiques n’ayant pas eu les 4% des suffrages exprimés lors des dernières élections sont aussi concernés par cette procédure. Si théoriquement l’opération est faisable, sur le terrain c’est tout autre chose. La contrainte de temps est de taille. La date butoir pour déposer les dossiers au niveau de la DRAG est le 24 septembre à minuit. Par ailleurs, du côté des partis les plus chanceux qui n’ont pas cette contrainte des 4%, la difficulté se situe à un autre niveau. Pour le moment, aucun parti n’a réussi à finaliser ses listes, au niveau des 67 communes, c’est «la pénurie» des candidats. Même les partis soi-disant ancrés dans la région, à l’instar du RCD et du FFS, éprouve des difficultés a finaliser leurs listes. Le FLN et le RND sont tout autant confrontés si ce n’est plus à ce problème du désintérêt des citoyens de l’exercice politique, encore plus à se porter candidat. Pour le député responsable du RND Tizi-Ouzou, Taib Mokadem, «l’indifférence est due surtout à la défaillance de certains partis politiques, qui sont absents sur le terrain». Pour lui, «le comportement de certains élus peut aussi expliquer ce constat. Cependant, le député RND dit que son parti, contrairement à d’autres, a toujours été présent auprès de la population ainsi que ses élus». De son côté, le coordinateur MPA dans la wilaya, Ould Taleb Ali, affirme que «le MPA est un jeune parti qui ne cumule aucun passif dans la wilaya, ce qui expliquerait l’engouement de la population vers notre parti». Pour le coordinateur, «le MPA aspire à devenir une force de proposition, une alternative face à l’impasse politique que vit la wilaya de Tizi-Ouzou». Pour comprendre le pourquoi de ce désintérêt, on s’est rapproché de quelques citoyens qui auraient pu faire des candidats modèles, mais refuse l’aventure. Ses derniers qui ont requis l’anonymat, expliquent que «la conjoncture actuelle ne favorise pas l’exercice politique. Le manque de ressources dans les communes compliquera la tâche des futures P/APC». Les enjeux sont, par ailleurs, grands car c’est des résultats de ces deux scrutins APC, APW que sera déterminé l’avenir de certains partis politiques et même de la nouvelle carte politique de la wilaya. Les données actuelles concourent vraisemblablement à la prochaine fin de la bipolarité politique instaurée par les deux partis ancrés dans la région, le RCD et le FFS, des années durant. A signaler enfin que la haute instance de surveillance des élections a ouvert depuis la semaine passée, sa permanence de la wilaya de Tizi-Ouzou. Concernant la révision exceptionnelle des listes électorales, dont l’opération a débuté le 30 août dernier, elle sera clôturée le 13 du mois en cours, ce qui laisse encore un peu de temps aux non inscrits sur les listes de le faire.
K. H.
