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«Les manipulateurs veulent accaparer le Festival du livre»

Abordé au sujet de la requête des artistes protestataires, Lachemi Bouhired, directeur de la culture de Bouira, récuse d’un revers de main toutes les accusations formulées à son encontre et menace d’ester en justice les auteurs de ce rapport qu’il qualifie de «manipulateurs et diffamateurs, agissant pour des intérêts personnels».

La Dépêche de Kabylie : Dans un rapport adressé au ministère, on dit que la culture se meurt à petit feu à Bouira. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?

Lachemi Bouhired : Depuis sept ans que je suis à Bouira, en ma qualité de directeur de la Maison de la culture puis en tant que directeur de la culture, mes bilans sont là et témoignent des activités enregistrées, aussi bien au niveau de la Maison de la culture qu’au niveau de la direction. Ces bilans sont envoyés au wali et au ministre de la Culture. La majorité de ces activités sont couvertes par les médias, aussi bien la radio locale de Bouira que les autres titres de la presse écrite, dont nous détenons des copies. Le bilan du secteur de la culture est satisfaisant et très riche durant ces sept dernières années, comparé à la situation qu’il y avait avant mon arrivée. Depuis mon installation en 2009, le nombre de festivals organisés au niveau de la Maison de la culture dépasse la centaine. J’ajoute encore que cette structure agissait avec un programme bien tracé depuis six ans, comme le spectacle pour enfants animé chaque mardi par des spécialistes, des magiciens ou des clowns qui viennent d’autres wilayas. Nous ne faisons pas de régionalisme en œuvrant pour la promotion de la culture algérienne qui touche toutes les régions. L’année dernière, nous avons organisé un Festival de la chanson en nous inspirant d’Alhan wa chabab, qui s’est déroulé pendant pratiquement trois mois pour découvrir les meilleurs artistes de la wilaya. Nous avons le volet formation au niveau de la Maison de la culture, où plus de 18 ateliers de formation se côtoient tels les arts plastiques, la musique, le dessin, la magie et tous les arts en général. Nous disposons également de deux bibliothèques pour les bacheliers, dont je veillais moi-même et on fermait à 22h. La Maison de la culture était toujours très fréquentée. Vous n’avez qu’à vérifier dans les archives pour voir le nombre d’adhérents qu’il y avait lorsque j’étais responsable de cette structure. Le bilan est très satisfaisant et positif en ce qui concerne le secteur de la culture. C’est vrai que ces derniers mois nous sommes touchés par des restrictions budgétaires, mais ça ne veut pas dire que le secteur inerte. Nous travaillons pour trouver des alternatives et des artistes se produisent gratuitement s’ils le souhaitent. Du 20 au 30 septembre, nous aurons l’ouverture de l’année d’étude, culturelle et artistique. Quinze jours après, nous aurons le Festival de la chanson chaâbi. Après ce sera le Festival des arts plastiques. Au niveau de la culture, je veille à réaliser les grands axes et je laisse le soin à la Maison de la culture, à la bibliothèque et à l’institut de musique pour faire leur part de travail qui consiste en l’animation de la ville de Bouira et de ses environs.

On vous reproche de travailler dans l’opacité et de semer la zizanie entre les artistes…

Je crois que notre cheval de bataille a toujours été d’unifier avec l’accueil qui est très important. Preuve que la zizanie n’existe pas, il y a une grande coordination avec les artistes qui sont comme les membres d’une même famille et je n’ai jamais eu de problèmes ni avec les artistes ni avec les associations. Qu’on m’explique ce que ces gens comprennent par zizanie, car si elle existait, il y aurait des problèmes entre nous et les associations et les artistes, ce qui n’est pas le cas. Pour ce qui concerne les contrats, je vous signale que tous les artistes signent des contrats. Nous avons un responsable chargé de faire ces contrats et chaque artiste est en possession de son contrat. Pas plus tard que jeudi dernier, un artiste est venu nous voir car il avait égaré son contrat. Un document dont il avait besoin pour un dossier à fournir à l’étranger et nous lui avons délivré un duplicata. C’est un document obligatoire entre l’administration et l’artiste. S’il est payé, ce sera mentionné, s’il ne l’est pas ce sera également mentionné, mais il a besoin du contrat pour faire valoir ses droits ou pour sa carte d’artiste. En tant que directeur, je n’ai pas à commettre une pareille erreur. Les gens qui ont rédigé ce rapport ne sont pas au courant de la situation.

Qu’en-est-il des artistes qui perçoivent leurs cachets à court terme, tandis que d’autres attendent

plusieurs mois ?

Lorsqu’il y a de l’argent, on paye ! Lorsqu’on réalise un programme pour 200 millions et que nous ne disposons que de la moitié, on paye ce qu’on peut ensuite on s’acquitte du reste. D’ailleurs, nous n’avons pas de problèmes sur ce point soulevé. Pour ce qui est des artistes et de leurs cachets, je déplore l’absence de barème à l’échelle nationale pour la notation et le paiement des artistes, mais je vous affirme qu’on paye les artistes selon le travail artistique effectué et sa renommée. On ne peut pas payer un chanteur sans aucun produit sur le marché, comme on paye Kamel Chenane où Aït Menguellet. Nous avons un barème qu’on respecte et aucun chanteur n’est lésé. On paye tous le monde à sa juste valeur. Pour ce qui est de la «négligence» du théâtre de verdure de Sour El Ghozlane, nous l’utilisons comme étant une structure annexée à la direction de la culture en attendant la création de son budget. Même pour son recrutement, on ne peut pas recruter parce qu’il n’y a pas de budget. Une fois sa promulgation au journal officiel, cela se fera et cela est valable pour le théâtre régional de Bouira. D’ailleurs, le dossier est toujours devant moi, il est au ministère et il est au niveau de la wilaya. Une fois budgétisées, ces structures bénéficieront d’un recrutement et c’est à partir de là qu’ils seront opérationnelles. Les activités qui s’y déroulent sont des activités qui devaient se faire au niveau de la Maison de la culture et que nous avons transférées dans ces deux endroits. Chaque activité qui nous vient du ministère est réalisée et une copie est adressée à la wilaya qui a un droit de regard. Toutes les activités sont suivies de bilans (il nous montre les rapports adressés au ministère).

Vous êtes donc victime d’acharnement, selon vous ?

Oui et je connais les instigateurs, dont une présidente d’association qui a installé son bureau au niveau de la Maison de la culture et qui est en train de récolter des signatures en faisant appel aux artistes et aux associations. Chose interdite par la loi, car cela entraine la déstabilisation du secteur de la culture. D’ailleurs, je vais déposer plainte contre ces personnes. Ces gens là portent atteinte à l’image de la culture et du secteur. Ces agissements sont fomentés à mon encontre car il y a des intérêts par rapport à la tenue du Festival du livre amazigh qui aura lieu prochainement. Leur intérêt est de présider ce Festival coûte que coûte. Nous agissons pour une gestion saine et transparente en nous rapprochant de l’artiste, tout art confondu. Nous sommes là pour faire barrière aux gens qui cherchent leurs intérêts personnels. La direction de la culture veille à jouer le rôle de régulateur entre tous les artistes et les régions, sans léser quiconque.

Propos recueillis par Hafidh B.

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