Un patrimoine à sauvegarder

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Alors que la saison estivale égrène ses derniers jours, la consommation de la figue de Barbarie demeure toujours aussi soutenue dans la vallée de la Soummam.

On la trouve à profusion dans la plupart des marchés hebdomadaires, et sur les accotements de la RN26, où elle est vendue à prix cassée par de jeunes désœuvrés. Dans les familles rurales, l’approvisionnement en figues de Barbarie pour la consommation quotidienne reste l’apanage quasi exclusif des femmes qui en font la cueillette aux premières lueurs des matinées moites de l’été. Depuis quelques années, l’association Tanekra, activant dans la commune de Chellata, organise chaque été un festival dédié à ce fruit du terroir. Une manifestation qui signe l’indispensable retour aux sources, et consacre la valeur d’un fruit sauvage, épineux, mais combien délicieux et gorgé de bienfaits. Une initiative aussi louable qu’inédite qui œuvre, via la vulgarisation et la sensibilisation, à redorer le blason de ce délice naturel, pour en faire une activité économique. Rouge, vert ou jaune, selon la variété, Opuntia ficus-indica (son nom latin) connait un succès grandissant, qui ne doit rien au hasard. Face à la cherté des autres fruits, la figue de Barbarie fait office de succédanée, que Dame nature offre à titre gracieux. Débarrassée de son épaisse carapace hérissée de glochides (aiguillons), la figue décline une chaire truffée de petits grains noirs très durs, mais juteux et rafraichissants, à la saveur subtile, légèrement acidulée. Au-delà de son goût succulent, qui ravive les papilles, le fruit offre un avantage comparatif de taille : il est 100% bio. La plante possède, par ailleurs, de multiples vertus thérapeutiques, indispensables pour traiter des maux divers. Il en est ainsi de la fleur séchée, dont l’infusion est connue pour avoir un effet diurétique, tout comme elle est efficace pour venir à bout des troubles digestifs et des coliques. L’huile extraite du fruit est utilisée comme remède contre certaines pathologies et comme produit de beauté, pour atténuer les effets du vieillissement. Mais ce n’est pas tout : on la recommande contre le cholestérol, les maladies cardiovasculaires, les infections urinaires, les affections rhumatismales, et j’en passe. Sous ses allures de plante prosaïque, le cactus dissimule des atouts insoupçonnés : plante fourragère, brise-vent, préservation du sol contre l’érosion, rempart contre la désertification. La multiplication du cactus est d’une étonnante facilité. Un miracle, diront certains : une feuille (raquette) abandonnée par terre, prend racine et se met à fructifier dès l’année suivante ! Autant d’arguments qui plaident à sauvegarder cette plante et à promouvoir sa culture, laquelle peut s’avérer un gisement de richesse inépuisable.

N. Maouche

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