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Les villages vidés de leurs habitants

Avec le départ des vacanciers, on se rend compte que les villages de la commune d’Ain El-Hammam se vident de plus en plus de leurs habitants. Les rues de Taourirt Menguellet, grouillantes de monde dès les premières heures de la matinée durant les mois de juillet et août, sont devenues subitement calmes. On peut traverser le bourg de l’entrée à la sortie sans rencontrer âme qui vive. Ce n’est que le soir avec la sortie des élèves que les rues reprennent une légère animation et que quelques vieilles se mettent sur le seuil de leurs portes. Beaucoup de résidents ont érigé leurs habitations à la périphérie du village à la recherche d’espace et pour, également fuir la promiscuité. De nombreuses maisons que viennent de quitter leurs propriétaires, habitants en ville, sont fermées jusqu’aux grandes vacances prochaines. Certains citadins ne peuvent se passer d’un pied-à-terre qu’ils reviennent visiter périodiquement à l’occasion des fêtes familiales ou religieuses qu’ils préfèrent passer chez eux comme du temps de leur jeunesse. Cependant, la plupart des constructions vieillottes et sans entretien, commencent à tomber en ruines accentuant l’impression d’abandon des lieux. Rares sont ceux qui s’aventurent à reconstruire la maison héritée des aïeux. Elle reviendrait plus chère qu’une habitation érigée dans le champ familial, à quelques encablures du village. Une option qui n’est malheureusement pas à la portée de petites bourses. En effet, les coûts des matériaux de construction et de la main d’œuvre poussent de nombreux villageois à postuler à des logements sociaux, abandonnant la maison de leur enfance. Même les aides de l’Etat à l’habitat rural, très limitées d’ailleurs, ne concernent pas l’aménagement ou la réparation de vieilles maisons. Ce qui expliquerait en partie, le nombre croissant de demandes de logements sociaux sur les bureaux des administrations où les dossiers des postulants dépasseraient le millier alors que l’offre est quasi nulle. En revanche, la plupart de nos émigrés ayant à l’esprit un probable retour aux sources après la retraite, ont construit leur abri pour le reste de leur vie qu’ils souhaitent passer au village qui les a vu naître. Leurs maisons, souvent confortables, demeurent parfois fermées pendant plusieurs années. La « désertion » des villages par ses enfants n’est pas l’ « apanage » de Taourirt. La même situation règne, également, dans les villages voisins de plus en plus dépeuplés. Notons que la recherche de l’emploi et le besoin d’une vie meilleure contribuent à la « désertion » des villages par leurs enfants qui s’installent dans les grandes villes. À ce rythme, il viendra un jour où les rues et les masures, encore debout, seront vouées aux herbes folles et aux chacals.

A.O.T.

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