Les non-bénéficiaires reviennent à la charge

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Plus d’une semaine après l’affichage de la liste des 814 bénéficiaires des logements sociaux de la commune de Bouira, les non-bénéficiaires ne semblent toujours pas décolérer.

En effet, plusieurs dizaines de ces derniers se sont, encore une fois, rassemblés hier, devant le siège de la daïra pour réclamer l’annulation pure et simple de cette liste et la mise en place d’une commission d’enquête qui va mettre la lumière sur «les nombreux dépassements et irrégularités» qui caractérisent cette liste. D’après ces derniers, «la commission locale du logement n’a pas respecté les conditions d’attribution» et ils réclament «la publication des critères sur lesquelles cette commission s’est basée pour l’attribution de ces logements». «Nous voulons savoir comment des jeunes de moins de 30 ans, des célibataires et des détenteurs de nouveaux dossiers ont pu bénéficier de logements. Nous réclamons en clair l’annulation de cette présente liste, car les vrais nécessiteux d’un logement n’ont pas été inclus dans cette liste. Les responsables locaux doivent se pencher sérieusement sur nos doléances et revendications légitimes», dira l’un des protestataires, qui évoquera le cas des familles des quartiers d’Aïn Grouache et des 1 100 logements, qui n’ont toujours pas été recasées depuis les années 1990 : «Nous vivons dans des conditions lamentables. Nous attendons notre relogement depuis le début des années 90, mais à ce jour, et malgré le nombre important des opérations de relogements, nos deux cités n’ont pas été touchées», se désole notre interlocuteur. Parmi les protestataires présents hier lors de ce rassemblement, des dizaines sont les habitants des anciens Haouchs du centre-ville de Bouira. Ces derniers ont remis une requête au chef de daïra pour dénoncer ce qu’ils qualifient de «marginalisation» des habitants de ces quartiers et leur exclusion de toutes opérations de relogement. Selon-eux, le chef de daïra qui leur promis un recasement, n’a pas respecté son engagement : «Les habitants des anciens Haouchs de la ville de Bouira, ont de tout le temps été marginalisés. Les responsables locaux savent très bien que ces anciennes maisons datent de l’époque coloniale et qu’elles risquent à tout moment de tomber sur nos têtes ! Malgré cela, personnes ne semble se soucier du danger qui nous guette. Nous nous demandons jusqu’à quand durera cette situation ?» s’interrogera un représentant de ces derniers. À noter, enfin, qu’un groupe de mécontents a tenté de fermer le siège de la daïra avant que les éléments de la Police, postés en nombre sur les lieux, n’interviennent. Des échauffourées ont même éclaté entre les protestataires et les policiers, qui ont procédé à l’interpellation d’un manifestant. Hier après-midi, les manifestants étaient toujours sur place et le climat était tendu.

Le wali rassure

Le wali de Bouira, M. Mustapha Limani, a tenu à rassurer les non-bénéficiaires en affirmant que «tous les recours seront étudiés d’une manière réglementaire», a-t-il déclaré à la Dépêche de Kabylie, lors de sa visite à Haïzer. Selon la cellule de communication de la wilaya, pas moins de 4 000 recours ont été enregistrés jusqu’à hier mardi: «Nous avons recensé un nombre très important de recours depuis lundi dernier. Nous avons remarqué, cependant, que ces recours sont mal-formulés, car la majorité des citoyens ne nous indiquent pas des cas suspects qu’on devra étudier une nouvelle fois. Ils se contentent de nous décrire leurs situations. Concernant les recours recevables, où des cas bien précis ont été signalés, je rassure les citoyens de la commune que leurs dossiers seront réétudiés et si nous détectons des irrégularités, elles seront automatiquement réglées. Nous espérons seulement ne pas détecter beaucoup de cas flagrants dans cette liste», a rassuré M. Limani. Quand aux cas des bénéficiaires de moins de 35 ans, largement dénoncés par les non-bénéficiaires, M. Limani dira que ces derniers ouvrent le droit à un quota de 40% dans chaque opération de relogement : «La loi pour l’attribution des logements sociaux est claire. Les jeunes de moins de 35 ans, mariés ou pas, ouvrent le droit à un quota de 40%. C’est une démarche que nous devons respecter. Je comprends évidement l’incompréhension de nos citoyens, particulièrement ceux mariés ou âgés de plus de 35 ans, mais je réaffirme qu’il s’agit d’une loi qu’on doit appliquer et respecter», a-t-il ajouté. Concernant les opérations de distribution de logements sociaux dans d’autres communes de la wilaya, M. Limani a affirmé que l’opération lancée à partir de la commune de Bouira se poursuivra dans d’autres communes au cours de ce mois de septembre : «L’opération touchera toutes les communes qui disposent de logements prêts à être distribués. Nous avons commencé avec la commune de Bouira ensuite par celle d’El-Esnam, et pour demain (hier mardi ndlr), nous allons distribuer des logements dans la commune de Dechmia, nous avons aussi prévu d’afficher la liste de la commune d’Aïn-Bessem, jeudi prochain (demain ndlr)».

Oussama Khitouche

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