Des cours payants tous azimuts

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àpeine l’année scolaire en cours boucle sa troisième semaine que des annonces et affiches pullulent sur les murs et vitres des magasins, annonçant la dispense des cours de soutien. C’est le constat fait, ces deux derniers jours, à Tizi Gheniff où des avis collés sur les murs de la ville annonçant les inscriptions à ces cours payants. Bien que l’on l’entende, à chaque rentrée scolaire, les responsables du secteur de l’éducation parler de ce phénomène et son éradication, rien ne semble fait. Au contraire, on voit ici et là des garages, des hangars, des logements, des sous-sols transformés en salles de classes de fortune. Du primaire jusqu’au lycée, en passant par l’enseignement moyen, des professeurs ne manquent pas et dans toutes les disciplines. Certains ont transformé leur logement de fonction en «école privée» d’autant plus que plusieurs matières y sont enseignées. Dans cette ville, comme partout ailleurs, à peine un mois après la rentrée scolaire, toutes les places sont déjà prises. «Je cherche un enseignant de langue française à mes deux filles qui sont scolarisées au primaire. J’ai fait le tour de la ville. Tout le monde affiche complet», constate un parent d’élève venu du village d’Ath Itchir ne connaissant pas ces «écoles privées», car certains enseignants ne précisent pas leurs adresses sur les affiches à l’exception du numéro de téléphone. Seulement, ce sont surtout les disciplines dites essentielles, à savoir les mathématiques, les sciences naturelles et les sciences physiques qui sont sollicitées par les parents, notamment pour les élèves de terminale. Du reste, même si ces professeurs exigent parfois des tarifs exorbitants, les parents n’hésitent pas à leur confier leurs enfants. «Depuis que mes deux enfants fréquentent ces cours, leurs résultats se sont améliorés. Maintenant, que cette facture est réglée, cela est synonyme de sacrifice pour eux. L’essentiel est qu’ils réussissent», nous répond un parent d’élève cadre d’une administration publique. De leur côté, ces enseignants expliquent que donner des cours leur sert à arrondir leurs fins de mois. «Il ne faut pas croire qu’on s’enrichit en donnant ces cours. Il ne faut pas oublier que nous payons la location du garage, les frais des polycopies et autres matériels didactiques. Cela fait maintenant une dizaine d’années que je donne des cours, mais rien n’a changé dans ma vie sur le plan matériel», nous confie un enseignant qui dit déployer d’énormes efforts pour mettre à niveau les élèves qui arrivent chez lui. À ce sujet, nous avons approché aussi un inspecteur qui nous répond sous couvert d’anonymat : «écoutez, c’est une activité que personne ne peut contrôler. Le ministère n’a aucun moyen pour mettre un terme à ce phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur. Il faut peut-être seulement réglementer cette activité». «Il serait temps de canaliser ce créneau dans l’intérêt de tous, car beaucoup d’enfants ont besoin de cours de consolidation d’autant plus que dans des classes pléthoriques, leurs instituteurs ne peuvent recourir à une pédagogie différenciée, ceci d’une part, et d’autre part, les parents ne sont satisfaits que lorsque leur progéniture obtient des résultats satisfaisants, notamment dans les examens de fin de cycle», dira encore notre interlocuteur. Amar Ouramdane

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