Les projets plombés par les retards

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Le wali de Bouira, M. Mustapha Limani, était en tournée de travail et d’inspection, avant-hier, à travers la daïra de Bordj Okhriss.

Une journée qui a permis au chef de l’exécutif de se faire une idée précise de la situation qui prévaut dans cette zone reculée du sud de la wilaya, en matière de santé, de logement, d’AEP… En raison de sa situation géographique qui la catalogue dans la région des Hauts-plateaux, la daïra de Bordj Okhriss a bénéficié d’importants programmes de développement dans ce cadre.

Beaucoup de retards dans les réalisations

L’étrange impression que l’on avait en traversant, ce jour-là d’Est en Ouest, le grand territoire formé de quatre communes, en l’occurrence Bordj Okhriss, Mesdour, Taguedit et Hadjra Zerga, est que le temps est resté figé et rien n’a bougé depuis un bon bout de temps. La preuve, ce projet d’hôpital de 80 lits qui a démarré en 2007 et qui n’est qu’à un taux d’avancement de 30%. Il a dû subir quatre arrêts, quatre évaluations, avant de voir le délai initial de 22 mois se prolonger pour un second de 36 mois et 18 jours et celui de son enveloppe se fixer autour de 494 773 402,50 DA. Effaré par ces données fournies par le responsable, le wali a instruit pour qu’on accélère la cadence des travaux afin de rattraper le temps perdu. L’exposé du programme de logements (tous segments confondus) n’a pas enthousiasmé non plus le wali. Pour les 570 logements publics locatifs (LPL) inscrits, 238 sont achevés, 194 en cours et 138 à l’arrêt. Fort heureusement, il n’en est pas de même pour le logement rural, où pour 1 469 logements, 1 369 sont achevés contre 41 en cours et 20 non-lancés. Alors qu’il se faisait expliquer la situation à ce niveau où il apprenait que les 50 logements LPL dans la commune de Bordj Okhriss sont achevés à 100%, sauf les 32 logements appartenant au programme des Hauts -Plateaux qui demeurent à un taux de 10%, le premier responsable de la wilaya a été abordé par une salve de récriminations provenant de différents travailleurs impliqués dans la réalisation de ce projet achevé, mais dont la paie n’était toujours pas versée. Le wali a pointé du doigt le responsable du secteur concerné et a exigé la fin de cette situation qui est de son seul ressort. Il a également écouté les doléances d’un groupe de lycéens exclus, venus lui demander une seconde chance pour le bac prochain. Sur les 70 demandes introduites auprès de la direction de l’établissement, seuls cinq ont été accueillies favorablement (quatre garçons et une fille), selon ce groupe. De retour au siège de l’APC de Bordj Okhriss, la situation a été brossée devant le wali et ne paraissait pas aussi préoccupante qu’à première vue. Pour une population estimée à 10 559 habitants et des besoins en eau potable estimés à 1 584 m3/j, la daïra développe un réseau de 99,88 km, une adduction de 25,56 km, 19 réservoirs et bâches à eau, ainsi que 23 stations de pompage. Le coût des opérations lancées à cet effet, entre 2005 et 2016, s’élèvent à 143 765 995,25 DA pour un taux de raccordement estimé à 95%. Concernant les routes, dont l’état, autant que l’on peut juger de visu est bon, Bordj Okhriss développe un réseau important, comportant 133 km de CW et 166,40 km de chemins communaux, dont 9,80 km non revêtus. Pour les chemins de wilayas (CW), il y a les CW 20, 14 et 24.

Face à la grogne citoyenne

Retrouvant l’air libre, le wali a pris ensuite connaissance des projets d’aménagement urbain achevés ou sur le point de l’être, qui ont donné lieu à un déferlement de colère citoyenne, laquelle a dénoncé le manque d’espaces verts, le bâclage du travail fait (avaloirs reliés avec les égouts), l’insuffisance des moyens de transports et le désœuvrement d’une jeunesse livrée à elle-même. Attentif, le wali a promis d’apporter les solutions nécessaires et à examiner la proposition de l’achèvement du projet d’aménagement de la cité de regroupement, bloqué à un taux de 95%, faute d’argent. À Mesdour, la deuxième commune programmée lors de cette visite, la grogne s’est quelque peu atténuée. Le chef-lieu parait plus développé et mieux entretenu. S’étendant sur 145 km² pour une population de 14 309 habitants (on remarquera que démographiquement parlant, Mesdour est plus peuplée que Bordj Okhriss, le chef-lieu de daïra), la commune dispose d’un programme global qui a été porté à la connaissance du wali qui a été reçu au siège d’APC. Sur les 280 logements LPL, 50 ont été achevés contre 180 en cours et 50 à l’arrêt. Et sur les 1 996 logements ruraux inscrits, 1 949 sont achevés, 37 en cours de réalisation et 10 non-lancés. Le problème inquiétant est qui est en vue d’être réglé est ce tronçon du CW20 en butte à un glissement de terrain. Le projet de confortement d’un coût de 17 285 940 DA a démarré le 24 septembre 2017 et sera livré dans moins de deux mois. Il y a aussi le projet de réfection du CW25 qui a requis une enveloppe de 7 091 210 DA pour un délai de 4 mois. Au reste, la présentation de ce réseau routier montre que cette commune, qui est traversée sur 133 km par cinq chemins de wilayas (les CW13, 14, 20, 24 et 25) et 4 km de CC, est mieux quadrillée. Le wali a, également, été interpellé par des élèves après la visite à l’ancien centre culturel aménagé en bureau de poste, qui sera livré début octobre. Eux aussi demandaient la réintégration de leur lycée. Le projet le plus important de cette commune reste de loin celui de la réalisation du réseau de distribution d’AEP pour Kechama. Long de 84,49 km, il sera mis en service dans une dizaine de jours et assurera la couverture estimée à 84%, le reste étant assuré par le système d’adduction avec un taux de 19,83%. En revanche, la prise en charge de Krachiche par le nouveau réseau à partir du barrage de Tilesdit, ne pourra l’être qu’à hauteur de 20%, le restant du projet est confié à l’entreprise réalisatrice qui va s’y atteler prochainement. Taguedit, la commune la plus éloignée, est une ville des Hauts-plateaux qui s’étend sur 148 km² et une population de 5 500 habitants mais ne reste, cependant, pas en rade du progrès. Raccordée à l’eau potable (91%), à l’électricité et au gaz (95%), à l’aménagement (95%), à l’assainissement (94%), elle fait même bonne impression à priori. Avec 130 logements LPL, dont 110 achevés et 20 en cours, avec 388 logements ruraux, dont 386 sont achevés, c’est là pourtant, que le wali qui visitait le projet de 50 logements, était attendu. Ledit projet, pour un montant de 36 432 287, 49 DA pour un délai de 22 mois, achoppe sur des arrêts qui ramènent son taux d’avancement à 45%. La foule criait sa souffrance. Selon certains citoyens, il n’y a pas eu de projets de logements depuis 90 ! Et ce n’était pas tout. Les plaignants dénonçaient la situation régnant au niveau de la salle de soins, où l’absence de personnel (médecin et infirmiers) la ravale au rang de simple «gourbi». D’autres citoyens attendaient devant le siège de l’APC avec leur lot de revendications ayant trait aux logements, à l’eau potable et un groupe d’élèves demandant de refaire la terminale.

Hadjra Zerga, la dernière escale

Enfin, c’est à Hadjra Zerga que s’est achevée cette visite. À mi-chemin, le cortège s’est arrêté pour inspecter un réservoir d’eau de 500 m3. Il devra alimenter d’ici le 10 octobre la localité de Zbara, dans la commune de Taguedit. Le projet bute sur un grand obstacle que l’on ne pourrait contourner que s’il l’on posait des «ventouses» pour vider l’air qui obstrue la canalisation à hauteur du réservoir, et au cas où cette solution serait inefficace, creuser en profondeur pour contourner l’obstacle à l’origine de ce blocage. Quoi qu’il en soit, la localité aura de l’eau dans moins de deux semaines et le problème épineux sera réglé pour cette population ayant souffert tout particulièrement de cette crise. C’est au niveau de ce réservoir qu’une lettre a été lue par un groupe de citoyens venus faire connaître au wali leurs doléances. Elle ne faisait que reprendre celles déjà enregistrées au cours de cette longue visite. Hadjra Zerga s’étend sur une superficie de 148 km² pour une population de 4 660 m&sup2,; et souffre aussi du problème d’eau, puisque ses besoins en eau estimés à 690 m3/j restent largement au delà de la production qui est de 365 m3. Mais le réservoir de 500 m3 d’un montant de 800 millions de dinars et dont la livraison est fixée avant les prochaines élections de novembre, délivrera des affres de la soif le chef-lieu de commune et surtout les deux localités Ouled Makhlouf et Drabnia. Le dernier point au programme de cette visite est la ceinture oléicole, longue de 100 km et qui est à un taux de réussite de l’ordre de 90%. Elle a pu bénéficier à dix communes (Maamoura, Dirah, Hakimia, Bordj Okhriss, Taguedit, Hadjra Zerga, Mesdour Sour El Ghozlane, Ridane et Dachmia), avec une superficie totale de 1 314 ha, dont 912,3 ha réalisés et 576 bénéficiaires. Ces derniers se plaignent de la sécheresse, mais une solution est proposée sous forme d’étude proposée au ministère des Ressources en eau pour un système d’irrigation adéquat. En résumé, la visite aura permis de constater des retards, d’enregistrer les doléances et de fournir des solutions aux problèmes posés.

Aziz Bey

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