Le maquisard Arab Hamraoui tire sa révérence

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Le maquisard Arab Hamraoui, l’un des tous premiers condamnés à mort de la wilaya III historique, vient de s’éteindre à l’âge de 88 ans à l’hôpital de M’Chedallah. Le défunt a commencé à militer pour la cause nationale très tôt à l’âge de 16 ans au sein du MTLD, dans les années 1940. Issu d’une famille aisée acquise pour la révolution, le défunt maquisard a débuté par d’importantes cotisations en puisant dans les biens familiaux pour renflouer les caisses du mouvement nationaliste, en parallèle à la collecte d’autres cotisations parmi les citoyens riches de la région pour rejoindre ensuite les rangs de l’ALN dès la première heure du déclenchement de la révolution armée. Il fut tout de suite nommé à la tête des volontaires de sa région Iwakuren, pour participer aux actions armées contre les forces coloniales du 1er novembre 1954, en commençant par récupérer et soigner chez lui, au village Tadert Lejdid, le maquisard Lounis Ath Meziane de la région d’Iferhounen, blessé durant la première action contre une caserne militaire de Tichkirt, à proximité du col de Tirourda. Ayant été remarqué par les responsables de l’ALN pour sa bravoure et son intelligence, il fut chargé d’une mission de deux mois en France, en février 1955, qui consiste à collecter des fonds auprès de la communauté kabyle de l’émigration, pour l’achat d’armes. Après cette première mission réussie, il rejoignit directement ses frères de combat, armé d’un pistolet automatique, après avoir remis son fusil de chasse à l’un des volontaires de son village. Durant la même année, aux environs du mois de mars, il participa a une embuscade contre une patrouille de l’armée coloniale au lieu dit El Ainser El-Gazeuse, à proximité de Selloum, où il fut encerclé et fait prisonnier en tentant de sauver l’un de ses compagnons d’arme, originaire de son village natal, le martyr Sadaoui Ahcène gravement blessé. Les Français, pour fêter l’arrestation d’un dangereux maquisard et aussi frapper les esprits des citoyens de la région, l’exposèrent entravé sur un camion militaire devant le siège de la mairie de l’ex-Maillot et devant la maison de l’administrateur de l’époque en prenant fièrement des photos avec lui. Une arrestation forte médiatisée par la presse française, dont l’Écho d’Alger et le journal d’Alger du 5 mai 1955, dont ses enfants détiennent des coupures. Condamné à mort le 25 avril 1955 par le tribunal militaire de l’ex rue Cavignac, actuelle grande poste à Alger, il fut incarcéré à la prison de Serkadji en partageant la même cellule du couloir de la mort avec Ahmed Zabana, Ali Zamoum et Abdelakader Ferradj, s’attendant à être exécuté à tout moment durant deux ans. Aami Arab fut ensuite transféré à la prison de Lambéze, où il y resta jusqu’en 1960 pour être transféré de nouveau pour un court séjour dans une prison à Rouen, en France, après que sa condamnation à mort ne fut reconvertie en prison à perpétuité. Transféré une autre fois dans la prison de Frênes, toujours en France, il partagera la même cellule que Bachir Boumaâza qui le désigna en qualité de responsable de cette prison, dont il participa activement à son évasion. Il terminera son séjour dans les geôles du colonialisme à la prison Saint Martin de Rey, avant d’être rapatrié à la caserne de Boufarik d’où il fut libéré après la proclamation du cessez-le-feu.

Il fut le premier maire élu de la commune mixte de Maillot

Juste après l’indépendance, ce valeureux maquisard fut nommé premier inspecteur général au ministère du Travail par l’ex ministre Bachir Boumaâza, ensuite affecté comme chargé de mission au niveau du ministère de l’Industrie. Aami Arab fut aussi le premier maire élu de 1967 à1971 à l’ex commune mixte de Maillot (actuelle daïra de M’Chedallah), où il contribua activement à la reconstruction et au développement de la région après le passage du cataclysme colonial qui a appliqué la politique de la terre brulée, ne laissant que des cendres derrière lui. Il terminera sa carrière professionnelle en qualité de directeur du bureau de main d’œuvre de la wilaya de Bouira, durant 14 années successives. Ce maquisard de la première heure, dont la nouvelle de son décès a circulé comme une trainée de poudre, a drainé une marée humaine dans sa demeure à Raffour. Une foule nombreuse a assisté à la levée du corps samedi, avant de l’accompagner à sa dernière demeure au cimetière de cette agglomération.

Oulaid Soualah

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