La campagne oléicole compromise ?

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Soleil sans partage, vagues de chaleur successives, raréfaction des précipitations atmosphériques. Ces conditions climatiques austères, dignes d’un climat désertique, nous rappellent, chaque jour, que les effets pervers de la surchauffe et de l’aridité, sont une réalité bien prégnante, avec laquelle il faut impérativement composer. Ceci est d’autant plus vrai que le processus de dérèglement du climat est une tendance lourde, inscrite dans la chronicité. On peut se suffire de l’observation de l’olivier, pour s’en convaincre. Cet arbre, réputé pour être le nec plus ultra en matière d’endurance et de rusticité, est durement éprouvé par le double effet de la sécheresse et de la canicule. Tout le monde vous le dira, jamais cet arbre emblématique et nourricier n’a autant accusé le coup. «Je vais sur mes 90 ans, et aussi loin que puissent remonter mes souvenirs, nous n’avons pas vécu une situation aussi calamiteuse», soutient un paysan de Tazmalt, bien ferré sur l’oléiculture. Dans toutes les contrés de la vallée de la Soummam, c’est le même constat de désolation qui s’impose à la vue. En dehors de quelques périmètre irrigués, les vergers oléicoles déclinent une triste figure : arbres rabougris, charpentières jaunies et clairsemées, baies ratatinées. Ce sont là les séquelles d’un stress hydrique, dont les conséquences s’annoncent incommensurables. À quelques semaines du coup d’envoi de l’olivaison, les oléiculteurs ne se font guère d’illusion. «Le bilan de cette saison sera catastrophique, bien pire que celui de l’année dernière qui est pourtant à ranger aux oubliettes», dira un fellah de la région de Seddouk. «Entre temps, poursuit-il, nous avons enregistré très peu d’apport pluviométrique et le déficit cumulé a atteint un sommet historiquement bas». Abondant dans le même sens, un exploitant d’Ouzellaguen dispose : «d’année en année, la situation évolue de mal en pis. Depuis une dizaine d’années, la quantité d’huile engrangée a invariablement évolué à la baisse au fil des saisons. Pire, toutes les conditions sont réunis pour alimenter ce déclin». Même si la situation ne prête pas à l’optimisme, d’aucuns parmi ces gens de la terre se prennent à rêver d’un hypothétique, mais néanmoins salvateur retour des précipitations, pour revigorer les vergers. «Dans la vie, il y a des hauts et des bas. La nature nous réserve bien des surprises, et rien ne nous empêche d’avoir foi en l’avenir», clame, stoïque, un fellah de la commune d’Ighram.

N. Maouche

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