Suite à l’interdiction de son université d’automne par l’administration de wilaya de Béjaïa, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), soutenue dans sa démarche par plusieurs associations et partis politiques, regroupés dans un collectif, a organisé, avant-hier jeudi, un rassemblement devant le siège de la wilaya. Celui-ci a été suivi d’une université populaire au niveau de la place Saïd Mekbel. Par ces deux actions, la LADDH entend «fédérer les forces vives de la région à l’effet de sauvegarder les acquis d’octobre 1988». Le président de la LADDH, Me Hocine Zehouane, a qualifié l’interdiction de l’université d’automne de son organisation de «coup de force», appelant à «la démolition de la loi de 2012» relative aux associations. «C’est une loi scélérate», a-t-il résumé, exhortant les leaders associatifs et autres défenseurs des droits humains à se «solidariser contre la répression». Me Zehouane estime que les motifs invoqués par les autorités pour interdire l’université d’automne de la LADDH sont «fallacieux», d’autant que, a-t-il appuyé, «le conflit interne à la Ligue ne concerne aucunement le ministère de l’Intérieur». Se voulant optimiste, l’intervenant dit ne pas «désespérer de voir les générations futures prendre le relais et défendre les droits de l’homme». Le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi, a estimé que «Béjaïa est devenue une région où se construisent toutes les dynamiques citoyennes», citant, au passage, les multiples actions de protestation organisées dans la région ces dernières années, à l’image de celle des enseignants contractuels, des gardes communaux, de l’intersyndicale, du Snateg et d’autres. Pour Saïd Salhi, l’action de la LADDH est «un acte de résistance contre cette machine qui a été mise en branle depuis des année», à même de faire, a-t-il soutenu, «la jonction entre les luttes». Il a appelé à «construire des solidarités et la sauvegarde des espaces de lutte». Présent à l’université populaire de la LADDH, Karim Tabbou, responsable de l’UDS (non agréée) a plaidé pour un débat inclusif et la conjugaison des efforts de tous : «Nous devons laisser de côté nos egos et apprendre à travailler ensemble dans le respect de nos différences. Nous devons respecter et faire confiance à la société civile», a-t-il dit. D’autres responsables locaux de partis politiques, syndicalistes et des associatifs ont, lors de leurs interventions respectives, dit tout le bien qu’ils pensent des responsables locaux et nationaux, tout en dénonçant l’interdiction «illégale» de l’université d’automne de la LADDH. Ils ont également appelé au «respect des libertés démocratiques, le retour au régime déclaratif par l’abrogation de tous les dispositifs allant à l’encontre de l’exercice des libertés et la révision de toutes les lois restrictives (des associations, des manifestations publiques…), l’ouverture des espaces d’expression culturelle et le respect des libertés d’opinion et d’expression».
Dalil S.
