L’économie locale sérieusement impactée

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En ce début du dernier trimestre de l’année, des entreprises privées commencent à faire leurs inventaires et établir leurs bilans.

Beaucoup de PME et PMI, ainsi que les TPE, qui forment la majorité du parc d’entreprises dans la wilaya de Béjaïa, sont rattrapées par des bilans mensuels négatifs. Des mois, semaines et jours durant lesquels l’outil de production a été sérieusement mis à mal par des actions de protestation ayant paralysé la circulation automobile. Des routes coupées pendant plusieurs jours, et à répétition, ont ainsi malmené ces entreprises qui font la rétrospective de ces moments-là où elles avaient enregistré des manques à gagner, car leurs marchandises ne sont pas sortie d’usine, ou la matière première n’est pas arrivée à temps, laissant les ateliers en panne de production. «Mon entreprise est mise à rude épreuve par ce climat délétère. J’en suis à mon quatrième exercice déficitaire. Les dettes fiscales et parafiscales explosent», clame le gérant d’une Sarl implantée à El Kseur. «On s’enlise dans la crise. Si cette tendance perdure, un plan social assorti d’un licenciement d’une partie du personnel sera inéluctable», confie un autre capitaine d’industrie, établi dans la ZAC d’Akbou. Bien des investisseurs tirent la sonnette d’alarme : les plans de charge baissent, les chiffres d’affaire fondent, les comptes virent au rouge… Fragilisées à l’extrême, certaines entités économiques se retrouvent au creux de la vague, au bord du dépôt de bilan. La nouvelle conjoncture économique risque, tout bonnement, de leur porter le coup de grâce. «Nous avons vécu des lustres de faste et d’aisance financière, avant d’être brutalement happés par la spirale infernale de la crise. Nos deux derniers bilans étaient désastreux, et l’on s’achemine vers un troisième tout aussi calamiteux. Il faut un prodige ou un miracle de la providence, pour échapper au naufrage», confesse, désenchanté, le manager d’une TPE d’Ouzellaguen. Comme quoi, même les affaires prospères peuvent finir en…eau de boudin ! Ainsi, il convient de dire qu’il n’y a pas un mois qui s’écoule, pas une semaine qui s’égrène, sans qu’un axe routier ne soit barricadé, un siège de mairie cadenassé ou une enceinte de daïra mise sous scellés par des citoyens en colère. C’est un modus operandi devenu si récurrent, si coutumier et banalisé à l’extrême dans la wilaya de Bgayet. Pourquoi attenter à l’ordre public, pénaliser la population et paralyser l’économie, pour réclamer un droit, souvent des plus élémentaires ? Est-on obligé d’user, à tous les coups, de cette forme de protestation extrême, pour se faire entendre et faire valoir des revendications ? Étrange et insolite. Cette manière de faire décline, en tous cas, une facette du désordre social, sustenté, il est vrai, par une gestion à la petite semaine des affaires publiques et une prise en charge déficiente des préoccupations du citoyen. Elle traduit, sans nul doute, aussi le climat de suspicion qui prévaut entre l’administration et l’administré, et l’échec patent du dialogue social, dont l’on a pourtant eu de cesse d’encenser les vertus. Même les instances consultatives et le mouvement associatif, en général, auraient pu s’impliquer activement et peser efficacement dans la résolution de ces conflits, avant leur exacerbation. Hélas, il n’en est rien. L’approche privilégiant le dialogue et la concertation n’est plus dans l’air du temps. L’heure est plutôt aux postures belliqueuses, aux actions musclées et aux démonstrations de force. «Le citoyen a acquis la certitude qu’il ne sert plus à rien d’adresser une requête ou demander audience à un responsable pour lui soumettre ses desideratas. Il est instruit que seules des actions d’éclat sont susceptibles de faire mouche», relève un quadragénaire d’Akbou. Le péché véniel des autorités, pense-t-on, est d’accéder aux doléances des protestataires, sans chercher à mettre le holà à ce mode opératoire, pour le moins répréhensible et fortement préjudiciable. En effet, les dividendes immédiats, obtenus au terme de ces actions, ne devraient pas occulter l’impact négatif et durable que ces derniers induisent sur l’activité économique de la région. Son attractivité en prend un sacré coup.

N. Maouche

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