Des douloureux souvenirs d’octobre 1961…

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S. Ait Hamouda

La Seine vomissait ses victimes. La Seine dégurgitait ceux qu’elle avait avalés la veille sous l’ordre de Papon, le préfet de police, de triste mémoire. Maurice Papon sortit de sa mémoire, hideuse et pleine de haine envers les Algériens, un arrêté imposant le couvre-feu aux Algériens. Et ce qui devrait arriver, arriva. Les Algériens ne l’entendirent pas de cette oreille et manifestèrent pacifiquement. Et la réponse du préfet ne se fit pas attendre, elle fut musclée, outrageusement sans pitié. Des camions de CRS, de harkis et autres suppôts venus casser de l’arabe par une vaste ratonnade. C’était le plus grand crime raciste du monde, le plus immense délit de faciès que la France ait commis dans l’hexagone dans l’impunité la plus totale et l’indifférence débonnaire la plus radicale. Obligation aux Maghrébins d’être sans cesse isolés, et interdiction aux travailleurs algériens de sortir de 20h30 à 5h30, les cafés tenus par des musulmans devaient fermer à 19h… Et cela ne peut être supportable pas les Algériens advienne que pourra. Le préfet de police de Paris, Maurice Papon, qui a eu carte blanche des plus hautes autorités, dont de Gaulle, lance, avec 7 000 policiers, une répression sanglante. Il y aura 11 730 arrestations et peut-être beaucoup plus de 200 morts, noyés ou exécutés, parmi les Algériens. C’était horrible, ce qui n’a pas empêché Kateb Yacine d’interpeler le peuple français : «Peuple français tu as tout vu / Oui, tout vu de tes propres yeux./ Tu as vu notre sang couler / Tu as vu la police / Assommer les manifestants / Et les jeter dans la Seine / La Seine rougissante / N’a pas cessé les jours suivants / De vomir à la face / Du peuple de la Commune (…)» Une reconnaissance de ces crime par la France, est-ce trop demander…

S. A. H.

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