Appréhension sur la saison oléicole

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La faible pluviométrie constatée jusque-là et le mauvais entretien des oliveraies, qui ont tendance à vieillir rapidement, risquent de compromettre la saison oléicole 2017/2018.

À la faveur d’une météo capricieuse, conjuguée, de surcroît, avec un laisser-aller total des paysans, les oliveraies sont livrées au gré des incendies et des broussailles. Le faible rendement enregistré ces dernières années ne peut être endossé qu’au seul fait du faible taux de pluviométrie. D’autres facteurs interviennent, en effet, dans l’annihilation de la filière oléicole. Les départs de feu à répétition, l’absence d’entretien des oliveraies et la technique de gaulage, souvent néfaste pour les petites branchettes et ramilles, ne font que néantiser l’oléiculture. Comme on assiste aussi ces dernières années à l’envahissement des champs par toutes sortes de déchets et détritus, sans compter les bouteilles en verre brisées, jonchant sur le sol, qui peuvent s’avérer pernicieuses lors des récoltes. La longue disette de la pluviométrie fait grincer les dents. La question ne fait plus débat. Le changement du climat est désormais ressenti, au quotidien, par la population mondiale, et les Kabyles n’échappent pas à cette réalité. À quelques jours du mois de novembre, Ath Waghlis s’apprête à amorcer la cueillette des olives dans un contexte jugé plutôt défavorable pour ce fameux fruit noir. L’Algérie connaît, déjà une vague de chaleur qui risque de perdurer. Au-delà d’alimenter les discussions, cette vague de chaleur ne manque pas de se répercuter sur la saison oléicole et d’inquiéter les paysans, dont les cultures sont sensibles à cette forte hausse des températures pour un mois d’octobre. En effet, la campagne oléicole, comme le reste des cultures, est impactée par cet épisode de chaleur, au moment où les températures sont habituellement plus basses. «Les olives se sont complètement desséchées sur les rameaux et ne laissent guère espoir à un rendement meilleur que celui des années précédents», affirme, sans ambages, le propriétaire d’une oliveraie. Et d’ajouter : «Les prémices d’un bilan des plus chiches se confirment de jour en jour». Effectivement, pour l’année oléicole présente, il est fort probable que celle-ci soit médiocre, vu le développement moyen de ce fruit. En tout cas, bon nombre de fellahs se font un sang d’encre quant aux prévisions peu emballantes de la production oléicole. «Cette vague de chaleur et le retard des pluies vont sûrement affecter la production oléicole dans la région. L’huile d’olive est devenue avec le temps un luxe. C’est fini le temps où on en consommait à volonté», estime un oléiculteur de la commune d’El-Flaye. t d’ajouter avec ironie : «L’olive ne baigne pas dans l’huile. La filière n’est pas encore bien huilée pour prétendre à des rendements satisfaisants». Sachant que l’huile d’olive est un produit prisé dans la région, cela ne manquera pas de charrier des retombées sur les prix à la consommation. Le litre se monnaie déjà entre 700 et 800 DA. De même, les huileries risquent de se voir gripper par un rendement faible qui se dessine à l’horizon. L’état déplorable des vergers oléicoles compromet sérieusement l’avenir de l’oléiculture dans la région. Par ailleurs, le non-entretien des arbres, des sols pollués ainsi que des méthodes de cueillette par gaulage, qui ne font que dégrader les oliviers, les olives et la qualité de l’huile d’olive avec des forts défauts dus à des fruits oxydés… sont autant de facteurs ayant participé à la déliquescence de la filière oléicole dans son ensemble. «Les olives doivent être récoltées au juste degré de maturation. Le meilleur système de récolte est la méthode traditionnelle, notamment la cueillette à la main, qui permet de cueillir le fruit au degré de maturation voulu, et ce, dans les meilleures conditions, intact et sans aucun contact avec la terre», explique un septuagénaire du village Ayaten.

Bachir Djaider

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