La bourse Goncourt à un écrivain tunisien

Partager

La bourse Goncourt du premier roman a été attribuée mardi à Hédi Kaddour pour « Waltenberg » (Gallimard), a annoncé l’Académie Goncourt. Né à Tunis en 1945, Hédi Kaddour est l’auteur de recueils de poèmes et de traductions. « Waltenberg », fresque lyrique autour des horreurs du XXè siècle, de Berlin à Moscou, a été l’un des romans les plus remarqués de l’automne. Le livre a déjà obtenu le prix du Premier roman en octobre.Hommage à SenghorLe Salon du livre rend hommage, du 17 au 22 mars, à Léopold Sédar Senghor (1906-2001), chantre de la négritude et de la francophonie, dont on célèbre en 2006 le centième anniversaire de la naissance. Une « Maison Senghor » accueillera dans le pavillon d’honneur les diverses manifestations – lectures, rencontres, remise de prix… – autour du « poète président ». Né le 9 octobre 1906 à Joal, près de Dakar, Léopold Senghor entame ses études dans une mission catholique avant de rejoindre le lycée Louis-le-grand à Paris, où ses condisciples sont Aimé Césaire et Georges Pompidou. Agrégé de grammaire en 1935, il forge le concept de « négritude » avec Césaire et le Guyannais Léon-Gontran Damas et défend le métissage comme un moyen d’assimiler les autres cultures. Héraut d' »un humanisme intégral », Senghor mène dès lors une double carrière, où politique et littérature finissent par se confondre. Député socialiste du Sénégal (1945), secrétaire d’Etat (1955), il publie en 1945 son premier recueil de poèmes – « Chant d’ombre » – et son « Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache » en 1948. Engagé dans le combat pour la décolonisation, Senghor est élu président du Sénégal en septembre 1960. Fonction qu’il occupera jusqu’au 31 décembre 1980. Il entre en 1983 à l’Académie française et se consacre jusqu’à sa mort, le 20 décembre 2001, à la défense de la francophonie, qui doit selon lui permettre d’affronter la mondialisation sans renoncer à la diversité des cultures. Parmi les ouvrages publiés dans le cadre de cet hommage : « Léopold Sédar Senghor, Lumière noire » d’Hervé Bourges (ed Mengès) et « Léopold Sédar Senghor : génèse d’un immaginaire francophone » de Jean-Michel Djian (Gallimard).Ecrivains francophones d’ailleursDès 1921, le Martiniquais René Maran obtient le prix Goncourt pour « Batouala véritable roman nègre ». Senghor et Aimé Césaire publient dès les années 30 et les auteurs francophones pointent au palmarès du Goncourt des 30 dernières années : Antonine Maillet (1979), Tahar Ben Jelloun (1987), Patrick Chamoiseau (1992), Amin Maalouf (1993) où le Belge François Weyergans en 2005. La francophonie rassemble les écrivains de territoires francophones – Afrique, Antilles, Québec, Moyen-orient… – et ceux qui ont choisi, quelles que soient leurs origines, d’écrire en français. D’entrée, leurs oeuvres s’adressent à un double public : celui de leur pays d’origine, et celui des autres pays francophones. Les nouveaux noms apparus ces dernières années repoussent les limites du monde francophone. Le Franco-Chinois François Cheng a été élu en 2002 à l’Académie française, le Congolais Alain Mabanckou enseigne la littérature francophone aux Etats-Unis et l’Haitien Dany Laferrière est établi à Montréal.Née de la colonisation, la littérature francophone explore un monde partagé entre l’enracinement communautaire et l’errance des exilés. Les auteurs donnent la parole aux petits, aux laissés-pour-compte. Ils reproduisent le langage populaire et bousculent la syntaxe comme les formes littéraires traditionnelles. La vitalité de la littérature francophone tranche pourtant avec le recul de l’usage du français, confronté à l’omniprésence de l’anglais dans le monde. Membre pendant 16 ans du Haut conseil de la francophonie, l’écrivain Tahar Ben Jelloun, pointe l’insuffisance des moyens. « Le français est de moins en moins présent dans les colloques internationaux. Tous les centres culturels se plaignent de l’absence de moyens. C’est une question de moyens et de volonté », constate-t-il.Sortie d’un roman sur le stalinismeUn nouveau roman de l’écrivain culte russe Vassili Axionov, poussé à l’exil à l’époque soviétique, est sorti en Russie, parlant, tout comme sa « Saga moscovite » (1994), de l’époque stalinienne. Le nouveau roman intitulé « Moskva Kva-Kva » (onomatopée du bruit fait par les grenouilles, renvoyant selon l’auteur à l’accent des Moscovites), est sorti à 30.000 exemplaires. Lauréat en 2004 du principal prix littéraire de Russie Booker 2004 avec son précédent roman, « Voltairiens et Voltairiennes », Axionov revient à l’époque stalinienne, fond de sa « Saga moscovite » : l’action de « Moskva Kva-Kva » se déroule en 1952, dernière année avant la mort du « petit père des peuples ». Le livre, dont la couverture représente une escadrille d’avions soviétiques survolant un gratte-ciel stalinien, raconte les épreuves amoureuses d’une jeune komsomole (jeunesse communiste), Glikeria Novotkannaïa, tiraillée entre un vaillant aviateur et un poète, chantre des Soviets, proche de Staline, qui l’appelle parfois en pleine nuit. Parti aux Etats-Unis en 1980 après la découverte par le KGB du manuscrit de son ouvrage « La brûlure », Axionov a été privé de la citoyenneté soviétique qui ne lui a été rendue que dix ans plus tard. Ses livres, aujourd’hui parmi les meilleures ventes des librairies moscovites, ont été autorisés à la fin des années 1980, avec la perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev.

Synthèse A.M.

Partager