À Darguina, une commune dont le territoire est formé principalement de villages enclavés, une association a réalisé un pont pour souder les liens entre les villages.
En effet, las d’attendre, les membres de l’association dénommée Oxy-jeunes, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, ont décidé de mettre la main à la pâte, en incitant les quelques villageois, qui n’ont pas choisi l’exode, à se prendre en charge, espérant que d’autres réintégreront petit à petit la bourgade. L’action a eu lieu au village de Tighza, situé à 14 km du chef-lieu. Un village dont un oued, en période de crue, empêchait les villageois de se rendre à leurs jardins, maisons et espaces de pâturage. La traversée de l’oued, étant dangereuse tant pour les hommes que pour les bêtes, a fini par décourager plusieurs villageois habitant la contrée. Une majorité d’entre eux ont fini par tout abandonner, pour aller se cantonner aux abords du chef-lieu ou simplement se diriger vers d’autres régions. Le petit hameau en question ne possède, à ce jour, ni route goudronnée, ni réseaux d’assainissement et d’APE, bien que y l’eau coule à flots. «C’est de là qu’est née l’idée de réaliser, avec les moyens de bord, une passerelle qui permettrait de désenclaver et libérer des grandes surfaces agricoles, les oliveraies notamment, et les zones de pâturage», a dit Foudil Khaled, président de l’association Oxy-jeunes. Ainsi, après 19 opérations de Touiza (volontariat, travail collaboratif), auxquelles ont pris part les citoyens (hommes, femmes et enfants) et les membres de l’association, le projet de la passerelle a été mené à son terme. Le pont, de plus de 21m de longueur, 1.6 de largeur et 2m de hauteur, réalisée en acier et béton armé, a coûté une somme avoisinant les 95 millions de centimes. Ceci n’a été rendu possible que grâce à l’aide de l’APC, des habitants du village et quelques précieux donateurs. L’inauguration officielle de la passerelle a eu lieu le dimanche dernier, en présence de la cheffe de daïra, le président de l’APC, Cheikh Ounedjma, un doyen du village, les autorités locales militaires et civiles, les associations, les partis politiques et les citoyens. Un plat de couscous, préparé par les villageois, a été partagé dans une ambiance fraternelle et solidaire. «Nous sommes tous fiers de ce que nous avons accompli. Le défi à été relevé, la passerelle a été réalisée, les traditions de nos ancêtres ont été revalorisées, l’ambiance amicale et fraternelle a marqué l’activité, un grand travail collaboratif et solidaire a été fait, la fête a été célébrée….. Et l’essentiel, la leçon a été retenue», ajoute le président de l’association. Décidée à multiplier ses actions de solidarité, l’association va tenter d’extrapoler ce type de projet dans d’autres régions, pour revaloriser les coutumes des ancêtres, tels que le bénévolat, l’entraide et la participation locale et solidaire, ainsi que pour l’instauration de la culture de l’environnement et du développement local. En outre, l’association Oxy-jeunes de Darguina tient à remercier chaleureusement et profondément toute personne ayant contribué, de près ou de loin, à la réussite de cette initiative. Elle exprime toute sa reconnaissance aux invités qui ont répondu favorablement à son appel.
Saïd M.

