On l’appelle Aftis ou encore Bouaâziz. Dépendant de la municipalité de Boudjellil, ce village reste encore, bien que des décennies soient passées, célèbre pour la qualité de ses fruits. Il y a 20 ans, le béton est venu à bout des derniers orangers touchés par la sécheresse et la pollution. Durant l’ère coloniale, le village était entièrement planté d’orangers et de pêchers. A présent, on n’y trouve pas une seule trace de verdure ! Pas le moindre espace vert ou d’aire de jeu. De part et d’autres de la route nationale qui relie Allaghane à Bordj Bou Arreridj, des locaux et des bâtisses ont été édifiés çà et là. Les habitants ont arraché les arbres fruitiers jusqu’au dernier. Des villas flambant neuves bordent, ainsi, la RN précitée et le CW42A qui relie, sur 13 kilomètres, Allaghan à Béni Mansour. «Le béton a enterré tous le couvert végétal. Des terres fertiles, qui produisaient, jadis, une quantité fort appréciable de fruits, ont été sacrifiées. Des briques, des pierres ou des parpaings ont pris la place de jardins qui furent longtemps un éden de sérénité et de prospérité pour la région», se désole un homme d’un certain âge. «Seule la génération qui avait connu la guerre de libération a eu la chance de voir ces vergers magnifiques», poursuit-il, sur un ton colérique. «Les générations qui sont venues après ont juste eu le temps d’observer la mort lente d’un vaste jardin verdoyant. A part les oliviers qui ont été épargnés, le reste des terres est devenu béton, sinon à l’abandon», conclut-il. Ainsi, régnant en maître, le béton continue son imperturbable avancée !
N. F.
