Ces habitations inachevées qui enlaidissent la ville

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En ville ou dans les villages, les constructions de maisons individuelles ont foisonné durant ces deux dernières décennies, à Aïn El Hammam, suite à l’explosion démographique qui caractérise la région. Les habitations sont si nombreuses qu’on ne peut parcourir cinq cents mètres sans en rencontrer une ou plusieurs. L’opportunité offerte par l’aide de l’Etat à l’habitat rural a encouragé les habitants des villages à sortir de leurs vieilles maisons des aïeux pour aller en construire une autre sur leur terrain familial, à la périphérie des agglomérations. Toutes les routes sont bordées de ces maisons avec garage. Le besoin de logements est si crucial que les constructeurs emménagent dans leur nouveau logis avant qu’il ne soit entièrement achevé. Nul besoin de luxe lorsqu’on peut avoir de l’espace et quitter enfin la maison natale, devenue exigüe, et la promiscuité du village, ou le logement en location, pour d’autres raisons. Il suffit que l’appartement soit clos et couvert pour faire le bonheur de ses propriétaires qui l’investissent le plus tôt possible. Si l’intérieur est plus ou moins fini, selon les moyens financiers de chacun, l’extérieur est une autre affaire. Une fois installé, on s’en contente. On oublie même le crépissage des murs de dehors. La plupart des habitations gardent pendant plusieurs années, voire des décennies, la couleur rouge des briques nues. D’autres prennent la teinte grise des enduits, quelques années plus tard. Quant aux couleurs de peinture qui égaient le paysage, peu de gens se pressent d’en enduire leur demeure. Il est vrai que les coûts des matériaux de construction, hors de portée des bourses des petits travailleurs, ne permettent pas ces «extras». Du coup, c’est le cadre de vie des citoyens qui en prend un coup. Des bâtiments de plusieurs étages ou de simples maisons individuelles disséminées aux quatre coins de la commune finissent par défigurer le paysage. Nos regards sont agressés par ces ensembles de béton, érigés anarchiquement sans aucun souci de l’esthétique, qui prennent la patine du temps. Les intempéries ont dégradé la couleur de la brique et abîmé même le ciment. La peinture des immeubles étatiques construits du temps de l’opulence n’est plus ce qu’elle était à l’origine. Ternie par le temps et écaillée, elle tombe en lambeaux. Elle attend un ravalement qu’elle n’a jamais subi, depuis des dizaines d’années. Les rues devenues hideuses, sombres et sans attrait contrastent avec la verdure alentour et le décor offert par le Djurdjura majestueux, caché à notre vue et qu’on ne peut admirer qu’en se rendant sur les hauteurs. Les lois traitant de la question existent. Il ne reste que leur application pour que l’ex-Michelet reprenne des couleurs.

A.O.T.

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