Amara Benyounès prône la décentralisation

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Amara Benyounès a appelé, hier, depuis Khenchela, à «l’instauration des équilibres dans la gestion des collectivités». Plaidant pour la fin de la primauté de l’administration sur l’élu, le président du MPA se dit convaincu qu’il ne pourrait y avoir de développement local sans la décentralisation au profit des communes.

Animant un meeting populaire devant une salle archicomble à la maison de la culture Ali Souahi de Khenchela, Amara Benyounès, après avoir martelé la nécessité d’en finir avec la légitimité révolutionnaire au profit de la légitimité démocratique, a rappelé que la population algérienne est constituée à 80% de jeunes. «Des jeunes qui n’ont pas connu la guerre de libération nationale» à qui l’on continue de «vendre la légitimité révolutionnaire», alors qu’ils aspirent à «trouver un emploi, un logement et construire leurs projets d’avenir», lancera-t-il à un public composé de jeunes et de moins jeunes. Sans s’attarder sur cette question, le président du Mouvement populaire algérien a enchaîné sur les questions inhérentes au développement et à la construction du présent. Un développement qui ne pourra se réaliser, selon Benyounès, sans «restituer aux élus la prérogative d’initier et de gérer». «Le plus grand problème qui pèse sur l’élu, c’est qu’il soit toujours mis sous tutelle d’un chef de daïra ou du wali, alors qu’il est grand temps d’instaurer les équilibres dans la gestion des collectivités». Comme il suggère «d’imposer la suprématie de l’élu sur le fonctionnaire et du politique sur l’administratif», martèlera-t-il. Pour l’orateur, il n’est point possible aux communes de se développer sans libérer les prérogatives des élus : «La décentralisation au profit des communes est la seule option possible pour permettre la gestion du foncier destiné à la PME-PMI qu’il soit urbain, industriel ou touristique», tranche Amara Benyounès qui appelle à «la restitution des prérogatives liées à l’attribution des logements sociaux et autres actions de solidarité destinée à la population locale». Pour le MPA, il est primordial d’«alléger les procédures budgétaires, souvent lourdes et contraignantes, afin de permettre à l’élu plus de promptitude et une bonne maîtrise de la gestion des ressources financières de sa commune». Hormis le MPA qui tranche sans ambages sur la nécessité de décentraliser la gestion, position qu’il a toujours défendue, le FFS, de son côté, maintient son exigence de revoir le code communal et de wilaya, seul à même de «renforcer les attributions des élus locaux». Le Front des forces socialistes a ainsi opté pour un discours axé sur «la solidarité vigilante» dans son programme inhérent au développement local.

Le FFS plaide pour la révision des codes communal et de wilaya

Pour le FFS, la prudence doit être le sacerdoce des élus locaux pour «une gestion saine et loyale des ressources mobilisées au profit des actions du développement local». Le programme électoral de ce parti prévoit la construction, dans le cadre du développement local, d’une meilleure qualité de vie locale et l’amélioration des performances en matière d’hygiène, de santé publique, de transport, d’éducation, de culture et d’accès aux infrastructures. Rompu aux pirouettes, le FLN ne propose pas grand chose pour une meilleure gouvernance locale, bien que la question de la décentralisation de la gestion de la collectivité ait été abordée en haut niveau de l’Etat depuis plusieurs mois. Ainsi, le parti de Djamel Ould Abbès, faute d’une stratégie claire et tranchée sur l’avenir des collectivités, a axé ses discours sur des généralités, à telle enseigne qu’il ne propose quasiment aucune stratégie pour l’auto-développement local : «Le programme du FLN est celui du président de la République portant notamment sur la préservation des différents acquis socio-économiques», a déclaré à l’APS, Sadek Bouguetaya, le chargé de la communication du FLN. Pour le Parti des Travailleurs, il est impératif de «relever de 100% la valeur de la taxe sur l’activité professionnelle» qui constitue la principale ressource pour les communes. Louiza Hanoune considère que «la loi de finances complémentaire 2015 a eu des effets négatifs sur la situation financière des communes en réduisant la valeur de la TAP, entraînant le recul des recettes des communes qui proviennent, pour la majorité d’entre elles, à 70% de cette taxe». Très collé à l’approche que propose le FFS, le Rassemblement pour la culture et la démocratie prône la rationalisation de la gestion financière par une plus grande maîtrise des dépenses et des ressources. Le RCD plaide également pour «l’augmentation des capacités financières des structures qui interviennent dans l’amélioration des services pour la population». Le parti ose, par ailleurs, encourager les emprunts bancaires au profit des collectivités, dans le cadre du financement de leurs projets d’investissement ! Enfin, paraissant à court d’idées économiques, le parti d’Ammar Ghoul donne l’impression d’avoir construit son programme électoral sur l’unique socle de la jeunesse, sans pour autant lui dessiner les schémas directeurs de la bonne gouvernance.

Mohand-Arezki Temmar.

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