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Une grande première à Tizi Ouzou

Organisé par TRADEX, l’événement a drainé des milliers de personnes. Des dizaines d’auteurs de réputation modeste mais pleins de motivation ont tenu à marquer de leur présence ce Salon sur lequel veillent une vingtaine de jeunes animateurs sous la houlette du très énergique Hocine Khelifa, responsable de TRADEX. L’activité se poursuivra jusqu’à ce dimanche, à moins que la direction de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri donne son aval pour son prolongement car, d’après Hocine Khelifa, l’événement suscite un grand intérêt chez la population. Seize stands ont été aménagés pour la circonstance, parmi lesquels des éditeurs et un libraire de Tizi Ouzou, la librairie de la Paix située dans le centre commercial qui porte son nom. Le gérant de cette librairie qui a déjà acquis une grande expérience avec le groupe Ait Mouloud est satisfait du déroulement du salon mais il déplore, en même temps, le manque d’espace. D’ailleurs, c’est là tout le mal de la Maison de la culture de Tizi Ouzou, mais pour une première cette insuffisance peut relever du détail devant la portée et l’impact qu’a eu ce salon. Notre libraire privilégie dans son espace le livre amazigh et celui ayant trait à la Kabylie. «C’est normal, nous sommes à Tizi Ouzou et ici, c’est ce genre de livres qu’il faudrait mettre en valeur», souligne-t-il. En face de lui, ce sont les éditions El Amel qui occupent un autre espace. M.Si Youcef, le directeur de la boîte, et son fils Amar sont sur le pied de guerre pour satisfaire leur clientèle. Cette maison d’édition, qui existe depuis une décennie a publié plus de 250 livres dans les trois langues : Berbère, arabe et française. Un autre éditeur de Tizi Ouzou toujours, l’Odyssée géré par M. Oubellil, propose une palette d’ouvrages très diversifiée dans plusieurs domaines. Cette maison d’édition a à son actif six ouvrages édités. Parmi eux, Tanekra, un roman de Rachid Si Ahmed, La Fiancée du soleil de Shamy, Florilège de la poésie kabyle de Boualem Rabia, etc. Un autre éditeur de la région, Mehdi a aussi pris part à cette fête du livre. Dans son stand, on retrouve plusieurs livres, notamment ceux liés à la culture berbère. C’est ce stand que la jeune poétesse Lynda Koudache a choisi pour signer ses livres.

L’ENAG et le CNRPAH PrésentsParmi les invités de marque de ce Salon, on retrouve l’entreprise nationale des arts graphiques et le Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique. Ce dernier propose les deux tomes de Inna yas Chikh Mohand de Mouloud Mammeri au prix de 1100 dinars. Un autre livre de Mammeri édité par le CNRPAH : L’Ahellil Gourara est présent sur les étals. Ce livre précieux, classé dans le patrimoine immatériel universel par l’UNESCO a été édité par le centre dirigé par Slimane Hachi. Le même espace expose et vend le livre de Zaim Khenchlaoui : L’Imagerie mystique dans le folklore algérien. Quant à l’ENAG, elle vient pour la première fois avec la nouvelle version de tous les livres de Tahar Oussedik, réédités récemment. On peut également y trouver les meilleurs titres de la littérature classique françaises, à des prix imbattables, dans le cadre de la collection El Anis.De nombreux autres éditeurs venus des autres wilayas proposent toutes sortes d’ouvrages comme le livre universitaire et le parascolaire mais aussi et surtout le livre de cuisine.

Des auteurs modestes mais pleins de Fougues

Plusieurs auteurs ont saisi cette opportunité pour présenter leurs livres et les vendre, compensant ainsi l’inertie qui les frappe en librairie. Ce sont des écrivains apprentis dans leur majorité mais qui ont le grand mérite d’écrire au moment où l’on ne croit qu’à l’argent et à son pouvoir magique mais bernant et leurrant. Ce sont aussi des auteurs qui peuvent aller loin car ils sont presque tous jeunes. Mais pour y parvenir, il faudrait qu’ils se décident à plus de solitude : l’acte d’écrire se conjugue avec l’isolation. Ils éditent en majorité à compte d’auteur comme Ahcène Mariche, Ali Hadjaz, Lynda Koudache, Youcef Merahi, Hocine Belhocine et autres auteurs. Le salon est aussi cette opportunité à ces auteurs qui veulent se perfectionner pour être un jour édités par une maison d’édition — pourquoi pas prestigieuse ! —, de se rencontrer et de se raconter. Dommage que des écrivains de statures, à l’image de Rachid Boudjedra ou de Yasmina Khadra n’ont pas été conviés pour rehausser le salon.On ne peut pas faire une fête en Kabylie si Matoub manque. Le stand des éditions Izem diffuse à longueur de journée les chansons du Rebelle et sa voix gonflée de rancœur et de colère tantôt de tendresse tantôt venant nous rappeler que le 25 juin 1998, les Kabyles ont perdu leur meilleur chanteur et leur poète le plus libre. Ses chansons sont toujours un remède contre tous les maux, ceux du cœur et ceux de l’esprit. Si Matoub était là, il n’aurait jamais manqué ce rendez-vous culturel.

Aomar Mohellebi

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