Plus de taxes, moins d’impôts !

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C’est aujourd’hui que les députés discuteront du projet de Loi de finances 2018 après sa présentation par le ministre des Finances, Abderrahmane Raoua, à l’ouverture de la séance plénière. Trois jours durant, les parlementaires vont devoir éplucher, une à une, les dispositions contenues dans le projet de la LF 2018. Des dispositions confectionnées dans une conjoncture très complexe sur le plan financier pour le pays, très affecté par la forte contraction des réserves de changes et l’épuisement complet du Fond de régulation des recettes. Les derniers indices haussiers du prix du baril de pétrole qui se négocie au dessous des 60 dollars, ne devra pas peser sur le prix de référence de la LF 2018 fixé à 50 dollars le baril pour la période 2018/2020. Hormis la capacité des mesures qu’elle contient pour la maitrise de l’inflation au dessous de la barre des 6%, -ce qui est discutable vu l’envolée des prix à la consommation avant même l’application des nouvelles taxes qui y sont prévues-, la Loi de finances 2018 prévoit une proposition de relèvement de la taxe sur les produits pétroliers (TPP) de 5 dinars le litre pour l’essence et de 2 dinars pour le gasoil. Ainsi, le prix de l’essence sans plomb passera à 41 DA le litre, contre 39 dinars le litre pour le super, alors que le gasoil sera affiché à 27 dinars le litre. Une mesure qui ne risque pas de connaître une franche opposition des députés, comme à la présentation du PLF 2017. L’application de cette nouvelle hausse est désormais acquise dés le premier jour du mois de janvier prochain. Les Algériens vont devoir payer plus cher à la pompe. Une proposition qui risque par contre de susciter un débat de fond, est celle relative au relèvement de 3 à 5% de la taxe appliquée sur les propriétaires de terres non exploitées et à usage industriel, étant une batterie de mesures visant la réappropriation de ces terres par l’Etat en vue de les réattribuer, n’attend que la mise sur pied d’outils d’application. Les services à l’Internet, à l’informatique ainsi que les produits ménagers classés dans la catégorie «énergivores» et ceux de l’importation vont connaître une sur-taxation. Et pour la première fois en Algérie, les fortunés vont devoir payer pour leur «magots», puisqu’une taxe est prévue pour les citoyens riches qui pèsent 5 milliards de centimes et plus. L’impôt sur les véhicules d’entreprises sera revu si les députés y donneront le quitus. Sauf que rien n’explique si cette révision est pour la hausse ou pour la baisse. Lors de la présentation de son projet de la LF devant la commission finances de l’APN, le ministre a rassuré qu’aucun impôt supplémentaire n’est prévu pour le citoyen, alors que celui-ci est appelé à payer plus cher la cigarette par exemple ou les vins et spiritueux. Le maintien de la politique de subvention est garanti dans le PLF en attendant d’arrêter les mécanismes de ciblage, via notamment l’élaboration d’un fichier national réservé aux personnes qui sont dans le besoin de ce soutien, un outil qui sera fin prêts, selon Raoua, d’ici 2020. Et pour ne pas voir les prix à la consommation, surtout pour les produits agricoles, s’envoler et concourir à la montée de l’inflation, plusieurs mesures sont incluses dans le PLF 2018, selon le ministre des Finances qui cite entre autre, la non-imposition des ventes de l’orge et du maïs, et l’instauration de mesures limitant la répercussion directe de la hausse des carburants sur les agriculteurs. À ce sujet, le ministère de l’Agriculture est appelé à concurrencer pour instaurer de nouvelles formes de subventions au profit des producteurs agricoles.

Mohand-Arezki Temmar

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