S. Ait Hamouda
Retour d’image, flash-back, sur l’état de déliquescence de l’artisanat dans le pays. Que s’est-il réellement passé ? Qu’est-ce qui a provoqué cette descente aux enfers chez l’artisan qui induit, de facto, la déperdition de l’artisanat ? D’abord, la rareté des salons, expositions et journées consacrés à ces métiers et l’annulation de ceux qui existent ont beaucoup contribué à leur déclin, usons d’un euphémisme progressif. Ensuite, il y a du bricolage et des négligences impardonnables à trop pervertir ces métiers qui, culturellement, nous ressemblent et rassemblent. Que l’artisanat soit le référent absolu d’une région et d’un pays par extension, il y a une chose qu’il faut préserver et ne pas polluer : son authenticité. On change l’aspect, on mue la forme, on transforme et déforme, par transgression, des règles millénaires du métier, par une simple proposition du client, là on se retrouve à innover et l’on se perd en conjectures. De fil en aiguille, on perd l’essentiel pour l’accessoire jusqu’à l’âme qui se surprend à essayer d’autres méthodes, d’autres styles, d’autres canons, tous étrangers au pays qui les a vu naître. Que l’on soit artisan ou pas, il y a une valeur qui ne peut échapper à un peuple soucieux de ces métiers séculaires et profondément ancrés dans la mémoire collective, qui font partie de son patrimoine le plus précieux. Cela a de quoi se poser des questions qui dérangent parfois, au point où ces items qui font s’interroger le commun des mortels, sur la dégringolade de l’artisanat et de sa tendance à imiter d’autres au point de perdre sa personnalité. Qu’il vienne d’où qu’il veuille, il ne peut ressembler à l’endémique par son authenticité, par sa conformité, ni par son label au produit local. Ledit produit a un ancrage, une histoire qui, depuis des siècles, a satisfait les exigences d’une société exigeante tant sur le plan qualité que sur celui de l’utilité. Rien ne permet l’annulation du Festival de la poterie de Maâtkas, même pour des raisons qu’on suppose financières. Absolument rien…
S. A. H.
