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Où est passé le portrait de Krim Belkacem?

Le portrait grandeur nature du héros de notre révolution armée, de celui qui a été surnommé “Le lion des djebels”, le non moins signataire des accords d’Evian, le 19 mars 1962 et qui n’est autre que Krim Belkacem, ne trône plus au milieu du centre du chef-lieu de commune d’Aït Yahia Moussa.En effet, depuis les événements du Printemps noir, les usagers de la RN 25 ne voient plus la figure de cet emblématique personnage, alors que beaucoup d’entre-eux prenaient le temps de s’arrêter pour prendre un café en face, tout en le contemplant.Enfant du aârch des Aït Yahia Moussa, Krim Belkacem a vu le jour le 14 décembre 1922 au village Tizra Aïssa.Pour rejoindre ce hameau, il faut suivre la route sinueuse, en mauvaix état actuellement qui monte en pente raide à travers un maquis ravagé à plusieurs reprises par des incendies.Il faut d’abord traverser Ighi Elvir avec ses maisons serrées le long de la chaussée étroite.A quelques encablures, mais avec plus d’espace, les “Aït Ouh Oulhadj” font face à la maison natale de Krim Belkacem qui se dresse à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau.Néanmoins, pour y accéder, il faut parcourir encore plus de six kilomètres en faisant des détours avant d’y arriver.Plus haut encore, au sommet d’une crête, des dizaines de tombes des martyrs de la grande bataille du 6 janvier 1959 témoignent des grands sacrifices de cette localité pour le recouvrement de l’Indépendance.De cet endroit, le drapeau national qui flotte au milieu de ce qui fut la demeure de “El Hadj El Hocine”, est visible.Enfin,Tizra Aïssa que l’écrivain Amar Hamdani, a traduit en “Les pierres de Jésus”, dans son livre paru en 1973 sous le titre “Krim Belkacem, le lion des djebels”, ce qui est tout à fait faux, car il s’agit comme tout le monde le soutient ici que “Tizra Aïssa”, vient pour le premier mot de “Izri” ou “la vue”, l’autre sûrement d’un ancêtre ou d’un saint, mais aucunement du prophète Aïssa. Il s’agit d’un point culminant qui a toutes les caractéristiques d’un excellent observatoire. Au demeurant, de ces hauteurs, la vue est ensorcelante ; ce n’est pas hasard que Krim Belkacem a choisi, après le déclenchement de la Révolution, d’en faire le quartier général de la wilaya 3, jusqu’à son départ vers l’extérieur, nous dit-on, car l’ennemi est repéré à des kilomètres avant de se faire surprendre.D’ailleurs, même du monticule où se dresse la maison natale de Krim Belkacem, la visibilité est dégagée jusqu’à l’horizon et, si ce n’est les cimes montagneuses du massif de Mizrana, on pourrait y voir la mer Méditerranée, du côté de Tigzirt, au Nord.A l’est, la grande muraille formée par le Djurdjura, cache la vallée de la Soummam, tandis qu’à l’ouest, Timezrit, collée au massif boisé de Sidi Ali Bounab, se dresse fièrement pour dérober aux regards Boumerdès et Cap Djinet, alors qu’à l’Est, le douar M’kira aligne ses villages sur les crêtes tels des pions sur un échiquier. Au demeurant, transformée en un musée, la demeure natale de Krim Belkacem a été inaugurée le 5 juillet 1999, lors d’une cérémonie grandiose à laquelle ont assisté des milliers de personnes.Il est temps pour les membres de l’association “Tharwa N’Krim Belkacem” de remettre à sa place le grand portrait tout en inscrivant aussi sa célèbre déclaration faite en ce jour historique : “En vertu d’un mandat du conseil de la Révolution algérienne et au nom du gouvernement provisoire de la République algérienne, nous avons signé, ce jour, à 17h 30, un accord général avec les représentants mandatés du gouvernement français. En conséquence de cet accord général, un cessez-le-feu a été conclu. Ce cessez-le-feu entrera en vigueur sur tout le territoire, le lundi 19 mars 1962 à 12 heures précises. En cette heure historique nos pensées vont à tous ceux qui, depuis le 1er novembre 1954 ont fait le sacrifice de leur vie pour que vive l’Algérie libre et indépendante et qui sont dignes de la reconnaissance de notre vaillant peuple.Notre pensée va également à nos glorieux moudjahidine et à tous les militants de la cause nationale”.

Essaïd N’Aït Kaci

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