La vague de pluie et de froid qui a touché dernièrement plusieurs régions du pays, a été un calvaire pour les sinistrés d’Aït Khelifa, dans la commune de Melbou, située à l’est du chef-lieu de Béjaïa.
Le 8 février 2012, pour rappel, huit familles sinistrées ont été obligées de quitter leurs habitations sises à Aït Khelifa dans la localité d’Ighzer Oufarnou, suite à un terrible glissement de terrain ayant touché la dite localité. Une décision a été prise par les autorités locales pour loger temporairement ces familles dans un camp de vacance dénommé «Médifil», situé à quelques mètres du chef lieu communal. «On nous a promis de nous loger juste temporairement dans ces baraquements, le temps de nous trouver une solution. Cela fait six ans et nous sommes toujours là!», confie Samir, l’un des sinistrés. Il ajoute: «Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans cette pénible situation. Notre vie est en danger!». Si, pour beaucoup de gens, un automne pluvieux rime avec joie et plaisir, c’est loin d’être réellement le cas pour ces familles sinistrées logées dans un centre, qui à la base est conçu pour des vacances d’été et non pour abriter des femmes, enfants et malades durant la saison hivernale. Les murs en parpaing et les toitures en zinc n’arrivent pas à atténuer le froid, et parfois même les chauffages ne résistent pas devant le climat glacial engendré par les infiltrations des eaux pluviales dans leurs maisons. Cette situation lamentable oblige ces sinistrés à passer des nuits dans la peur, à cause du bruit des vagues de la mer agitée, se situant à quelques mètres du camp. «À chaque fois qu’il pleut, nous passons des nuits blanches. De jour comme de nuit, le clapotis des vagues, ainsi que le bruit de la pluie et l’amiante qui constitue notre toit, ne laissent pas nos enfants dormir. Nous avons toujours peur! Les autorités doivent intervenir pour mettre un terme à notre souffrance», nous déclare une dame avec amertume. Les toilettes collectives sont toujours obstruées à cause des inondations. Sur place, on a pu constater l’humidité et les infiltrations d’eau qui suintent des toits délabrés. La boue et les eaux pluviales, qui pénètrent des portes, rendent le climat glacial. Ces derniers peuvent être à l’origine de plusieurs maladies, telles que l’allergie et la grippe touchant la plupart de ces sinistrés, notamment les enfants. L’obscurité et les chutes de tension, qui règnent aux alentours de ce camp de vacance, sont aussi parmi les problèmes majeurs empoisonnant le quotidien de ces sinistrés. «Les éclairages publics sont endommagés depuis longtemps, ce qui nous plonge dans l’obscurité et l’anxiété totales. Des étrangers viennent fréquemment à ce camping; nous avons peur pour nos femmes et nos enfants», nous déclare Mouloud, un père de famille cloué dans un fauteuil roulant. «Cela fait six ans que nous vivons dans cette situation précaire. Mon mari souffre de douleurs atroces, imaginez-vous qu’un handicapé puisse vivre dans ce camping délabré?», s’interroge sa femme, les larmes aux yeux. Selon ces familles, aucune d’entre elles ne sait ce qu’on leur réserve. Vivant dans ces conditions lamentables depuis des années, ces familles n’ont reçu aucune promesse officielle de relogement. À l’heure où nous écrivons ces lignes, il pleut davantage à Melbou et sur le centre Médifil. Dans chaque pièce de trois mètres sur trois, est cloitrée une famille qui attend non seulement un soutien psychologique, mais aussi un toit qui va l’abriter du froid en hiver et de la chaleur en été.
Aziz Khentous

