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Ruée sur les plantes sauvages

Dans la vallée de la Soummam, l’heure est à la cueillette des plantes sauvages comestibles. Les pluies salvatrices de ces dernières semaines qui ont généreusement abreuvé les parcours champêtres et les étendues forestières, ont réveillé de leur torpeur une multitude de végétaux comestibles qui font le bonheur de fins gourmets. Ce renouveau de Dame nature sonne comme une résurrection. Un miracle de la providence. Amoureux de la nature, amateurs de plantes sauvages et simples dilettantes, se retrouvent en parfaite communion avec les éléments. Rustique et se suffisant d’un zeste d’humidité pour s’épanouir, le chardon est l’une des toutes premières plantes à émerger du sol. «Nous avons commencé à la cueillir, sitôt tombées les premières averses automnales. Associé à la carde dont il est un allié incontournable, le chardon relève de manière substantielle le gout des repas», dira un citoyen de Chellata, sur les hauteurs d’Akbou. Pour cet autre amateur d’Ouzellaguen, il n’y a rien de tel que les tiges de chardon pour sublimer un couscous aux légumes. «Le chardon me fait oublier la viande. C’est un aliment succulent qui nous réconcilie avec la nature et le bien-être», plaide-t-il. Devant la fièvre qui s’empare du marché des légumes, le cardon se pose en ersatz de choix, d’autant plus bénéfique que gratuit. Tout aussi prisées, les asperges soulèvent bien des convoitises. Ne dit-on pas qu’à quelque chose malheur est bon ? En effet, les incendies de l’été dernier, qui ont décimé le couvert végétal, ont favorisé la repousse de ces durillons, dont la plante mère est vivace par les racines. Les amateurs s’en vont les moissonner par brassées pour les apprêter de diverses manières. «On peut les cuire à la vapeur pour les incorporer ensuite aux mets de viande et de gratins. On peut aussi les apprêter en fritures, mélangées aux omelettes ou aux épinards. Dans un cas comme dans l’autre, les asperges apportent une touche exotique et exquise au goût», explique doctement un citoyen d’Akbou. Dans certaines contrées de la vallée, notamment celles situées sur la rive droite du fleuve, ce sont les champignons qui ont les faveurs du consommateur. Ce végétal sans chlorophylle pullule dans l’atmosphère moite et ombragée des sous-bois et des fourrées de maquis. Pour cueillir les champignons, apprend-on, les amateurs préfèrent s’y prendre par temps de crachin. Faisant sienne l’adage qui dit qu’«à défaut de viande, on se nourrit de champignons», les petites gens en garnissent leur ordinaire. Après les avoir cuits à la vapeur, ils sont mélangés à la salade puis assaisonnés d’huile d’olive. «Les plus aisés utilisent les champignons comme ingrédient d’accompagnement des mets fins, préparés à base de viande, de volaille et de poisson», nous fait savoir un villageois d’Amalou. Il est néanmoins de notoriété publique que tous les champignons ne sont pas comestibles. Loin s’en faut. Beaucoup de ces espèces saprophytes sont vénéneuses et peuvent être mortelles. Il est malaisé, pour un simple amateur, d’en faire le distinguo. La plus grande vigilance est donc de mise.

N. Maouche

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