La cueillette des olives bat actuellement son plein à Ath Waghlis, où les huileries tournent à plein régime.
Opérationnelles depuis plusieurs semaines, malgré les faibles prévisions du rendement de cette année, les huileries ne chôment pas pour l’instant. Néanmoins, la faible pluviométrie n’a pas favorisé le développement de l’olive pour être bien en chair et pleine de jus. Les différentes bourgades de la région d’Ath Waghlis ont donné le coup d’envoi de la saison oléicole au début du mois de novembre en cours, au grand bonheur des familles qui attendent avec impatience ce rendez-vous avec leurs parcelles de terrain. À l’instar des autres régions de la Kabylie où l’olivier et le figuier entrent dans les particularismes, les Ath Waghlis, qui regroupent les communes de Chemini, Souk-Oufella, Tibane, Tinebdar, El-Flaye et Sidi-Aïch, s’emploient à cueillir leurs olives en cette période automnale. Hommes, femmes et enfants sont à pied d’œuvre de bonne heure, par groupes ou par familles pleins d’entrain et joyeux malgré la tâche difficile qui les attend, pour aller ramasser un fruit qui se fait souvent désirer. Durant les jours de la cueillette, femmes et hommes, grands et petits, se dirigent vers les champs d’oliviers, tôt le matin, munis de longs bâtons, de caisses ou de sacs. Même les membres de la famille habitant loin marquent leur présence en telle période, donnant ainsi une belle image de la solidarité familiale. Depuis quelques années, ce ne sont plus les paysans qui se chargent de l’opération de cueillette pour leurs proches selon des clauses convenues, car la situation a bien changé. Ils viennent maintenant de partout, profitant des jours de repos et surtout du temps clément, en famille, pour cueillir eux-mêmes les olives de leurs champs. Ils leur laissent néanmoins, encore, l’entretien des arbres par souci de préservation du patrimoine et du rendement. Il faut, par ailleurs, rappeler que la cueillette des olives représente tout un art en Kabylie, du gaulage en passant par le stockage et enfin l’extraction. Tous ces paramètres doivent être maîtrisés pour obtenir une huile de bonne qualité. Une famille entière est parfois réunie autour d’un même arbre pour ramasser ses fruits si impatiemment attendus. Les oliviers situés sur des terrains abrupts ne dissuadent pas les villageois, d’autant plus que cette culture millénaire est un legs des anciens que d’aucuns ne veulent lâcher. Les oléiculteurs cueillent leur récolte dans une ambiance bon enfant, tout en profitant de ces jours ensoleillés pour la récolte des olives. Cependant, l’ambiance qui caractérise ce genre d’événement, qui n’arrive qu’une fois par an, vaut le déplacement. Grands et petits, tous se mobilisent dans la joie et la bonne humeur, pour collecter, à qui mieux, les olives. Sur les lieux, chacun y va de son expérience, de sa résistance et de son âge. Les tâches sont réparties selon ces critères, les hommes, sur les arbres, armés d’une gaule, les femmes et les enfants au ramassage. En effet, la cueillette des olives en Kabylie ne vise pas uniquement à subvenir aux besoins de la famille en matière d’huile d’olive qu’on consomme à satiété, mais aussi à arrondir son revenu par la vente de quelques litres de ce précieux produit du terroir. En ces journées d’automne, les places publiques et les cafés se vident pendant que les champs commencent à grouiller de monde et où hommes, femmes et enfants s’entraident pour achever l’opération promptement. Selon les paysans et les propriétaires de moulins à olives, le taux de production attendu cette saison n’est pas aussi prometteur que celui des années précédentes, mais il reste néanmoins que les dernières pluies ont un peu sauvé les meubles. «Nous avons cru qu’avec la longue disette de la pluviométrie, la saison oléicole serait ratée. Fort heureusement, avec les dernières pluies, le fruit noir s’est nettement développé et mûri», nous confie Dda Saïd, paysan de son état. De son côté, Hamid, propriétaire d’une huilerie, reste dubitatif quant à la production de cette saison. «On s’attend à une production faible loin d’être aussi prodigieuse et généreuse comme celle de l’année dernière. Il va sans dire qu’en dépit de ce présage qui est loin d’être bon, toutes les familles, ou du moins la majorité d’entre elles ont retroussé les manches afin d’être fidèles à ce rendez-vous incontournable et sacré pour la famille kabyle.» «Le rendement est en fonction de la variété, de la terre, mais surtout du soin apporté à l’olivier», avance un septuagénaire du village Ayaten. Les plus répandues sont les variétés «Chemlal» et «Azerraj». Arbre légendaire, symbole de paix, l’olivier revêt pour les Kabyles une grande importance sociale et économique. Son huile constitue un élément fondamental de leur alimentation, en sus les ménages en consomment entre 20 et 50 litres par an. Elle est considérée tout à la fois aliment, médicament et cosmétique. Ses vertus pour la santé vont de l’antioxydant, l’augmentation des défenses de l’organisme à la prévention des maladies cardiovasculaires.
Bachir Djaider

