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Les baudets se font rares sur le marché

Le sujet prête en réalité à sourire, surtout s’agissant d’un animal qui bénéficie de peu de considération surtout avec la modernisation des moyens de transports et surtout de l’infrastructure. Trouver un baudet par les temps qui courent relève d’un miracle. Personne n’aurait jamais pensé qu’un jour, il serait difficile d’acheter un âne ou un mulet. Mardi dernier, au marché hebdomadaire d’Ain El Hammam, deux bêtes de somme, seulement, étaient là. Le paysan qui avait un mulet, ne voulait pas le céder à ceux qui le convoitaient. Il leur explique que c’est son moyen de transport lorsqu’il vient faire ses emplettes comme il l’utilise pour se rendre dans les champs. Quant à l’autre, il refusait de vendre son animal à dix sept millions de centimes. «Les meilleurs atteignent vingt quatre millions», assure-t-il. Ceux qui en possèdent ne veulent s’en séparer qu’au prix fort. Il se dit que «normalement les gens les vendent juste après la cueillette des olives pour ne pas avoir à les nourrir pour rien. Leurs prix baissent alors pour ne remonter que vers le mois de novembre, à l’orée de la saison oléicole». Cependant, ces dernières années, la pénurie semble avoir atteint ces animaux très utiles que les paysans utilisent pour le transport du gaz, de l’eau, des olives en période hivernale et autres charges. Ils sont aussi exploités par des jeunes villageois qui louent leurs services pour le transport de matériaux de construction jusque dans les endroits où l’état des routes ne permet pas le passage d’un camion. Le maréchal ferrant qui tient «boutique» chaque mardi au marché d’Ain El Hammam, a de moins en moins de travail, signe du manque de bourricots dans la région. Il fait part de ses difficultés à continuer d’exercer ce dur métier, devenu peu rentable. «Il y a quelques années, les gens abandonnaient leurs baudets dans les champs, une fois qu’ils n’en ont plus besoin. Mais maintenant, faîtes un tour au marché à bestiaux et essayez de trouver un âne à acheter !» avance-t-il, l’air défiant. Il fut un temps où les baudets étaient si nombreux qu’une aire de vente leur avait été réservée au marché.

A.O.T.

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