Le directeur du commerce de la wilaya de Tizi-Ouzou, M. Kada Adjabi, revient dans cet entretien sur les perturbations et le manque de pain que connait la wilaya depuis la décision des boulangers d’augmenter le prix de la baguette de pain.
La Dépêche de Kabylie : L’augmentation du prix de la baguette de pain est-elle légale ?
M. Kada Adjabi : Bien sûr que non. Le prix d’une baguette de pain ordinaire a été fixé à 7,50 DA et celui du pain amélioré à 8,50 DA. Il y a un texte de loi. Le même texte a aussi fixé le prix du quintal de farine à 2 000 DA. Le pain et la farine sont des produits de large consommation, donc des produits subventionnés par l’État. Nul n’a le droit de décider de l’augmentation des prix du pain.
Les boulangers sont allés plus loin, puisqu’ils ont décidé d’une grève illimitée ?
La grève décidée est également illégale puisqu’aucun préavis ne nous est parvenu. Dans tous les cas de figures, sur les 316 boulangers que totalise notre wilaya, 50% d’entre eux sont entrés en grève. Plusieurs d’entre eux ferment boutique pour éviter d’être contrôler par nos services, comme c’est le cas à Draâ Ben Khedda où les boulangers ont travaillé durant la nuit et distribué leur production très tôt pour les écoles, les restaurants et les grandes surfaces mais à partir de huit heures du matin, ils ont baissé rideau pour éviter tout contrôle. Au premier jour de l’augmentation des prix, décidée unilatéralement par les boulangers, nous avons surpris 79 boulangers en train de vendre le pain à 15 DA. Ils sont verbalisés et des menaces de fermeture de 60 jours ont été proférées à leur encontre.
Les épiciers et les vendeurs boycottent la vente de ce produit. Est-ce une bonne chose ?
C’est même une très bonne chose. Les commerçants, les épiciers et même les consommateurs ont bien fait de ne pas acheter le pain vendu à 15 DA. L’UGCA et l’ANCA sont également contre ces pratiques.
Qu’est ce qui est préconisé comme solution ?
Pour pallier au manque de pain, nous avons comme première mesure invité les boulangers qui n’ont pas adhéré au mot d’ordre de grève de produire au maximum. Les épiciers et autres vendeurs de pain des régions limitrophes avec d’autres wilayas sont également invités à s’en approvisionner d’autres wilayas qui ont été, à leur tour, priés de produire au maximum pour diminuer l’ampleur du manque, en attendant le retour à la normale. Les boulangers sont également appelés à revoir leur décision car il n’est pas bon du tout de prendre la population en otage. Nos portes restent ouvertes au dialogue.
Entretien réalisé par H. T.
