«Instauration d’un prix littéraire M. Mammeri» était parmi les recommandations des participants au colloque international sur l’œuvre de Mouloud Mammeri, qui s’est déroulé du 3 au 5 décembre, au niveau de l’auditorium de l’université de Tizi-Ouzou.
Plusieurs communications, ayant trait à «l’œuvre multiforme et polyphonique» de l’écrivain ont été présentées. Intervenant le dernier jour du colloque, M. Hacène Halouane a abordé un aspect un peu particulier du travail de Mammeri dans une communication intitulée «Une œuvre, deux préfaces (l’une en français, l’autre en tamazight) dans l’ouvrage «Yenna-as Ccix Muhend». En effet, l’orateur s’est intéressé au contenu de ces deux préfaces d’un même ouvrage: la première «Avertissement» en français, la deuxième «Tazwert» en tamazight. «A priori, nous sommes tentés de penser que c’est la traduction l’une de l’autre parce qu’elles ont la même longueur et elles introduisent le même texte», avertit d’emblée M. Halouane qui ajoute : «Dans la partie française, c’est toute la recherche et la méthodologie qui ont été mises en évidence. Une manière de donner un gage de scientificité au travail. Par contre, dans la partie en tamazight ‘Tazwert’, il était question du sauvegarde du patrimoine, et une invitation de l’auteur à l’implication de tous le monde». En somme, le contenu de ces deux préfaces est une cohabitation entre le chercheur et le militant. Selon l’intervenant, «il y a deux choses : une garantie de scientificité et un engagement (Chercheur/militant). Le militant a besoin de la méthode du chercheur pour donner un gage scientifique à son travail, et le scientifique a besoin de la motivation du militant pour pouvoir faire revivre un patrimoine en déperdition», explique-t-il. C’est justement dans ce sillage de sauvegarde du patrimoine que Hamid Bilek interviendra dans une communication intitulée «Le patrimoine culturel immatériel et la sauvegarde de l’âme amazighe : la voie tracée par Mouloud Mammeri». Cet ancien cadre du HCA a essayé d’aborder la problématique de la sauvegarde de ce patrimoine culturel amazigh qui constitue l’âme de cette société et l’apport de Mouloud Mammeri dans cette entreprise. «Les œuvres de Mammeri sont directement liées à cette problématique de la préservation et de la sauvegarde du patrimoine culturel amazigh, qui sont : Les Isefra de Si Mohand, poèmes kabyles anciens, l’Ahellil de Gourara et Inna-yas Ccix Mohand (Cheikh Mohand a dit)», a-t-il souligné. Ce colloque qui rentre dans la célébration et la commémoration du centenaire de Mouloud Mammeri et qui a enregistré des communications en cinq langues, à savoir le français, tamazight, l’arabe, l’allemand et l’anglais «a été organisé pour rendre hommage à cette œuvre multiforme et polyphonique, puisqu’elle a touché à tous», dira Dr Boukhellou, présidente du colloque, qui ajoute : «Mammeri s’est exprimé en français, mais il n’a pas cessé de penser en kabyle. C’est lui qui a dit ‘Le français me traduit plus qu’il me trahit’». À la fin de ce rendez-vous, les participants à ce colloque recommandent ce qui suit : Instauration d’un prix littéraire Mouloud Mammeri, instauration du caractère annuel de ce colloque, une édition complète de l’œuvre de Mammeri et les actes de ce colloque. Ils préconisent, également, l’intégration des textes de l’écrivain dans les manuels scolaires, l’encouragement de la traduction de son œuvre et, enfin, la transformation de la maison de Mouloud Mammeri en un musée.
Farida Elharani