Le dernier album, Afenan, de Rabah Tezkrat est dans les bacs depuis quelques semaines. Dans cet entretien, l’artiste revient sur son parcours et dévoile ses ambitions.
La Dépêche de Kabylie: Parlez-nous de votre parcours.
Rabah Tezkrat: Cela fait maintenant plus de 30 ans que j’écris et compose des chansons. Mon premier album, «Al waldin iw», qui est sorti en 1986, est un hommage à mes parents. En 1990, je suis revenu avec un autre opus qui a eu pas mal de succès.
Durant la décennie suivante, on ne vous a plus entendu…
En fait, lors de l’année du boycott scolaire, j’ai fait un album, dont le titre phare est «Tamazight». C’est une contribution à la revendication identitaire. J’ai, ensuite, fait un autre album en 1998, puis un autre en 2002, dans lequel je rends hommage à Matoub Lounès et aux martyrs du printemps noir. L’artiste ne doit pas rester en marge de ce qui secoue la société. Il est vrai que je prends mon temps entre deux productions, mais le manque de moyens aussi y est souvent pour quelque chose. En 2014, ce fut mon retour sur scène avec «A yahviv aâyigh» et «Ar melmi».
Revenons, maintenant, à ce nouvel album. Que pouvez-vous nous en dire ?
L’une des chansons de cet album s’intitule «Sidi Lmir». J’ai composé cette chanson à l’occasion des élections, pour réveiller les consciences et rappeler aux candidats leur vraie mission. J’ai aussi voulu rendre hommage aux artistes dans une chonson qui s’intitule «Afenan». Il y a aussi la chanson «Akhduk il kif a ya qchich», un duo avec Nacer Khelif, un jeune artiste très prometteur, ou encore «Tuder n’ Tizi Gheniff», une chonson dans laquelle je reviens sur les traditions ancestrales de nos villages. Sur le plan musical, j’ai introduit des musiques universelles et de nouveaux instruments, chose que je n’ai pas faite dans mes précédents albums.
Vous vous intéressez toujours à Tayri et à d’autres thèmes…
Dans chaque album, je ne peux ne pas chanter l’amour. C’est la raison de vivre de tout le monde, et surtout des artistes. Je citerai le titre «Ugadagh att-badlad» et «Taqvaylit». Il y a partout des jeunes hommes et des jeunes femmes qui vivent leur amour en secret. On doit, quand même, leur faire part de nos expériences, bien que notre temps et le leur soient différents.
D’autres projets ?
Je viens de fêter 30 ans de carrière artistique saine. Dieu merci, je n’ai pas eu de remords par rapport à ce que j’écris ni à ce que je chante. Mes chansons sont écoutées en famille. Je suis décidé à aller de l’avant tant que mon public m’écoute et m’encourage. À ce stade, je ne cherche pas la quantité, mais surtout la qualité. J’aime la création et l’adoption d’autres styles. Ce ne sont pas les textes ou les musiques qui manquent, mais ce sont, surtout, les moyens financiers. En effet, cela revient trop cher de rentrer dans un studio d’enregistrement. En tout cas, je vous remercie de m’avoir donné l’opportunité de faire connaître mon nouvel album. Je voudrais aussi dire à mes fans que d’autres projets sont en train de mûrir.
Entretien réalisé
par Amar Ouramdane