M. Ahmed Boutata est depuis mercredi dernier le nouveau président de l’APW de Bouira, élu sous la bannière du RND et succédant à M. Saadeli du FLN. Ancien militant et élu du RCD, M. Boutata déclare avoir démissionné de son parti en 2012 pour rejoindre le RND, formation politique qui vient de le propulser à la tête de l’APW. Dans cet entretien exclusif, M. Boutata livre le programme d’actions qu’il compte entamer incessamment, lui et la nouvelle assemblée fraîchement élue.
La Dépêche de Kabylie : Quelles sont vos prioritésdans le cadre de votre programme d’actions ?
Ahmed Boutata : Je tiens d’abord à profiter de l’occasion qui m’est offerte pour remercier tous les citoyens de la wilaya de Bouira qui se sont rendus aux urnes lors du scrutin du 23 novembre dernier. Je remercie également tous ceux et celles qui ont opté pour notre liste en nous choisissant et je tiens, au nom de l’APW, de les rassurer que nous ferons tout notre possible pour être à la hauteur de la confiance qui a été placée en cette nouvelle assemblée de wilaya. De même, à l’adresse de tous les partis politiques qui ont participé à ces élections ainsi que leurs candidats qui ont fait preuve de maturité en privilégiant les discours porteurs de messages d’espoir. Je félicite également l’encadrement administratif, les fonctionnaires de la wilaya, des daïras et des communes pour leur travail au cours de ces élections et qui ont contribué à la réussite du scrutin. Je salue également les forces de l’ordre qui ont assuré avec brio leur mission en assurant la sécurité des citoyens. Je remercie aussi tous les membres de la nouvelle assemblée populaire de la wilaya de Bouira pour la confiance qu’ils ont placée en ma personne et je tiens à les rassurer quant à ma disponibilité pour travailler avec tous les membres de l’APW pour le développement de notre wilaya. Je ferais de mon mieux avec mes collègues pour être constamment sur le terrain, être à l’écoute des préoccupations citoyennes et prendre en charge leurs problèmes en les réglant ou en interpellant les responsables concernés pour trouver des solutions à leurs soucis. Pour revenir à nos priorités, il faut savoir que la région de Bouira enregistre un grand retard, mais cela ne veut pas dire que le train du développement local n’est pas passé dans notre wilaya. Il y a eu des acquis et beaucoup de choses ont été réalisées dans différents secteurs comme le réseau du gaz naturel, mais il faut savoir que le développement ne s’arrête jamais. Nous allons entamer différents chantiers et les principaux secteurs que nous allons cibler visent essentiellement les domaines de l’investissement, du tourisme et celui de l’agriculture à travers la wilaya de Bouira. Une wilaya à vocation agricole. Nous allons essayer d’aider et d’accompagner le développement de ces secteurs en orientant les investisseurs dans ces créneaux à l’exemple de l’agroalimentaire bien sûr, mais également dans le secteur du tourisme avec des sites comme Tikjda, ainsi que d’autres sites qui mériteraient d’être développés à l’image d’Ain Zebda, d’El Frakss. Nous encouragerons les vrais investisseurs pour qu’ils s’implantent de manière pérenne à Bouira en créant des postes d’emplois pour nos jeunes, car le problème de chômage se pose également pour cette frange de la société. Nous préconisons également les porteurs de petits projets que nous allons aider pour qu’ils s’installent dans les zones d’activités communales. Il s’agit là d’une stratégie visant à créer de l’emploi. Il y a certes la méga zone de Dirah et l’extension de la zone industrielle de Sidi Khaled à Oued El Berdi, mais la population des autres communes n’a pas l’opportunité de bénéficier des ces zones. M’Chedallah gagnerait à disposer d’une zone d’activité, de même pour les régions de Bordj Okhriss ou d’Ath Mansour.
Concrètement sur le terrain, comment ces actions vont se matérialiser ?
Tout d’abord, je tiens à souligner que nos élus sont présents à travers les 45 communes de la wilaya et nous avons toujours été sur le terrain. Nous bénéficions d’un capital confiance auprès des citoyens qui se disent prêt à nous épauler dans nos démarches. Nos élus, eux, connaissent le nouveau code de wilaya en vigueur depuis 2012. Ce nouveau code attribue beaucoup de prérogatives à l’APW. On peut proposer des projets de développement au niveau des régions, chose que l’APW sortante n’a pas fait. Ainsi, suivre ces projets en aidant les APC et les associations culturelles et sportives. Nous ne faisons pas dans la discrimination. Nous travaillerons pour les populations des 45 communes, selon les priorités bien sûr de chacune d’entre elles. C’est là le rôle de l’APW et nous sommes prêts à défendre les intérêts et les droits de tous les citoyens sans exception. Et je peux vous affirmer que nos élus sont conscients de la tâche qui leur est imparti. D’ailleurs, en cette période hivernale et à l’approche des intempéries, nous avons pris attache avec tous nos élus à travers les 45 communes pour leur demander d’être vigilants et de prendre leurs précautions face aux perturbations atmosphériques qui peuvent s’abattre sur la région de Bouira. Nous leurs avons demandé de mobiliser des engins pour déblayer les routes en cas d’obstruction par la neige, de prévoir des stocks suffisant de bonbonnes de gaz butane dans les localités où le gaz naturel n’est pas encore disponible. Nous avons pris une batterie de mesures urgentes pour que nos élus ne soient pas surpris en cas de rudes conditions climatiques.
L’implantation des projets bute souvent contre l’écueil du foncier. Que proposez-vous ?
Il faut savoir que la plupart des élus sont expérimentés dans le domaine de la gestion de la Cité, ce sont des gens de terrain à l’écoute qui ont fait leurs preuves par le passé. Nous leurs demandons de rester en permanence à l’écoute des citoyens et de ne pas faire de fausses promesses qui resteront sans suite. Nous nous engagerons à réaliser ce qui est réalisable au cours de notre mandat. Les présidents d’APC sont élus par le peuple et nous à l’APW, nous travaillerons avec eux sans tenir compte de leur couleur politique. Nous aiderons tous les maires, sans aucune distinction de manière égale et équitable car ce sont avant tout les citoyens de la wilaya de Bouira que nous allons servir. En partant de ce constat, justement nous avons une politique au RND qui consiste à investir dans le foncier. Des terrains existent auprès des privés et je m’interroge pourquoi l’Etat n’achète pas ces terrains privés. Dans des endroits même accidentés, après un aménagement sommaire nous pouvons créer des petites zones d’activités, et nous allons le faire. Nous procéderons ensuite à l’attribution de lots au sein de ces zones en contrepartie d’une location symbolique. Cela permettra de bénéficier d’une manne régulière pour l’entretien de ces zones. Voila le rôle des élus de l’APW et c’est dans cette optique que nous aiderons à faire développer ces secteurs. Pour cela, nous travaillerons en étroite collaboration avec l’administration pour mettre en œuvre tous les dispositifs liés au développement, en premier lieu avec le wali et tous les services de l’Etat. Nous avons un seul drapeau et une seule administration et les élus sont les seuls et vrais représentants des citoyens. Nous nous engageons à prendre à bras le corps les préoccupations des citoyens pour les soumettre aux responsables et suivre également leurs évolutions. Je vous assure que ce mandat ne sera pas un mandat comme celui de 2012 à 2017 où les élus étaient devenus de simples fonctionnaires. Ils attendaient que les citoyens viennent les voir. Nous, au RND, nous prônons une autre politique en adoptant une nouvelle stratégie qui consiste à nous déplacer et nous enquérir de la situation auprès des citoyens dans les villes, villages et hameaux les plus reculés de la wilaya. C’est là une promesse que j’ai faite lors des rencontres de proximité que nous avons animés durant la campagne électorale et que je vais honorer maintenant que je suis élu au poste de président d’APW. Selon le timing, nous fixerons des rendez-vous avec les citoyens et le P/APC pour étudier leurs problèmes et leur proposer des solutions à court, moyen et long terme. Ce sera aux élus de se déplacer auprès des citoyens et non pas le contraire.
Vous semblez être confiant pour la relance des différents projets en attente…
Oui, franchement je le suis et nous allons redonner de l’espoir à ces citoyens et citoyennes. Il faut savoir qu’il y a de l’argent pour améliorer le quotidien des gens. Je vais vous citer la loi de finances 2018 concernant les PCD dont le budget alloué auparavant était de l’ordre de 35 milliards de dinars par an. En 2018, ils disposeront d’une enveloppe de 100 milliards de dinars annuellement. Le programme des Hauts Plateaux sera de nouveau débloqué, de même pour l’aide à l’habitat rural et tous les programmes qui touchent au développement local dans les communes. Tous les projets qui ont été gelés seront débloqués, à l’exemple de l’hôpital de M’Chedallah qui accuse un retard immense, l’hôpital de Bordj Okhriss, celui d’Ain-Bessem. Il y a eu une mauvaise volonté politique jusque là. Maintenant à l’APW, nous allons œuvrer dans l’intérêt des populations pour que ces infrastructures sanitaires soient achevées dans les plus brefs délais. Les entrepreneurs devront impérativement achever les travaux dans les délais raisonnables et nos élus y veilleront. À Bouira, il y a un problème de gestion au niveau du secteur de la santé, je vous donne en exemple l’hôpital de Bouira qui dispose, si ma mémoire est bonne, de plus de 60 médecins spécialistes. Ils sont mal répartis à travers les structures sanitaires de la wilaya, mais on va essayer d’y remédier en insistant sur des soins de qualité et de proximité à travers toute la wilaya. Au RND, nous disposons de cette bonne volonté pour agir et servir le citoyen. Nous sommes présents dans les APC, dans les APW, nous avons des députés, des ministres et chacun à son niveau œuvrera pour le bien être du citoyen. Ces citoyens se sont largement mobilisés pour nous élire lors du scrutin du 23 novembre dernier et nous, élus, serons à notre tour mobilisés 1825 jours, c’est à dire au quotidien, durant toute la durée de ce nouveau mandat.
Entretien réalisé par Hafidh Bessaoudi