À travers la wilaya de Bouira, il est aisé de constater, selon les chiffres fournis par la direction de l’emploi, que les chômeurs sans niveau d’instruction sont perpétuellement en quête d’un emploi, malgré les opportunités qui s’offrent à eux au niveau du secteur agricole. Un secteur qui ne recrute pas uniquement des saisonniers comme on pourrait le croire. Selon Saïd, un exploitant agricole d’El-Esnam, la main d’œuvre fait énormément défaut : «Actuellement nous venons d’achever la récolte de la pomme de terre et nous avons dû recruter des jeunes d’Ain Defla, de Mostaganem et de Mascara pour disposer de cette main d’œuvre. C’est désolant à dire mais à Bouira, les jeunes rechignent à travailler dans les exploitations agricoles alors qu’il y a de l’emploi non pas en tant que saisonniers mais en tant que permanent», dira notre interlocuteur. Il décrit ainsi qu’après avoir récolté les pommes de terre, il s’attaque directement au semi du tubercule de l’arrière-saison et en parallèle. Un de ses voisins ayant investi dans la tomate, regrette également l’absence d’ouvriers. Selon les dires des exploitants agricoles, le dernier ouvrier toucherait un salaire équivalent à 50 000 DA, en plus d’être logé et nourrit. «Nous devons prendre soin d’eux car ils travaillent dur et ils ne sont pas de la région. Nous leur assurons gites et couverts avec des repas protéinés. Le salaire d’un ouvrier originaire des wilayas de l’ouest nous revient à près de 70 000 DA, voire plus. Mais nous n’avons pas le choix puisque les gens de la région ne veulent pas travailler dans ce secteur», confie Saïd. Les jeunes de la région, pour leur part, estiment que le métier n’est pas valorisant, même s’ils affirment que les salaires sont alléchants : «Il nous arrive, moi et mes amis, de travailler dans les champs lorsque nous avons besoin d’argent, mais le travail est dur et harassant. Se lever aux aurores par tous les temps, hiver comme été, travailler l’échine courbée jusqu’au soir, charger des cageots et des sacs de légumes jusqu’aux camions est un travail de forçats auquel il est impossible de résister dans de telles conditions. On souffre et on sait qu’il n’y a aucune possibilité de réussite, ni d’avenir dans ce labeur ingrat», confie Sofiane, un jeune rencontré à la station-service d’El-Esnam, lieu de rendez-vous des maraichers et autres producteurs de pomme de terre. Chômer n’est pas devenu une fatalité dans le secteur de l’agriculture, mais si la motivation est au rendez-vous, le travail de la terre est toujours assimilé à pénibilité. Le dernier bilan établi par la direction de l’emploi, le taux de chômage arrêté au 30 juin dernier, est de l’ordre de 7,2%. Ce chiffre est en baisse de 0,59 % comparativement à celui de l’année dernière. Une nouvelle baisse du taux de chômage pour le second semestre 2017 est également attendue, notamment avec l’ouverture de nouveaux postes d’emploi au niveau de la fonction publique et du secteur économique.
Hafidh Bessaoudi