La commune de Béni Maouche ne sait plus que faire de ses ordures qui envahissent tous les espaces. Le cadre de vie et l’environnement, de manière générale, y est de plus en plus dégradé. Les bas-côtés des routes, les vallons, les cours d’eau et les bosquets sont devenus des réceptacles d’immondices de toute nature. «Dans le temps, les gens revenaient des champs les bras chargés de fruits. Maintenant, nous n’avons plus que des jachères truffées de sacs en plastique et de canettes», s’en souvient, avec un brin de nostalgie, un sexagénaire résidant à Trouna, le chef-lieu communal. Dans cette circonscription de montagne, la collecte des ordures ménagères se limite, depuis plusieurs années, aux seuls quartiers du centre urbain de Trouna. «Le service n’est plus assuré pour les villages, pour la simple raison que la commune ne dispose pas de décharge publique», confie une source de la municipalité, selon laquelle la démarche de l’APC, tendant à l’ouverture d’un site d’entreposage des déchets, a débouché sur un flop. Des oppositions de riverains, informe-t-on, ont empêché la concrétisation du projet. Conséquence logique de ce blocage, les villages se sont progressivement mués en dépotoirs. «Chaque village peut s’enorgueillir de posséder sa propre décharge sauvage», ironise un citoyen de la bourgade Aguemoune, l’une des plus peuplées de la commune. «Dans certains villages, on trouve plusieurs dépotoirs. Les habitants se débarrassant de leurs ordures en les abandonnant un peu partout. Pour en réduire le volume, d’aucuns procèdent à des incinérations périodiques, mais ce procédé est loin d’être une panacée», affirme un habitant du village Tizi Adjissa, en alertant sur les risques sanitaires que font planer tous ces rejets sur la population. «C’est une véritable bombe à retardement que ces cloaques essaimant un peu partout. Si aucune riposte n’est apportée à temps, nous risquons d’en payer le prix fort», avertit un villageois.
N. M.