Dans la vallée du Sahel, le phénomène des déversements en pleine nature des déchets provenant de l’opération d’écrasement et trituration des olives reprennent de plus belle cette saison. Il s’agit de la margine « amouredj » en kabyle, est l’eau de végétation de couleur noirâtre contenu dans l’olive. Il y a aussi le grignon qui est lui le résidu obtenu après le pressage des olives. Ce produit contient aussi un taux élevé d’acides. La margine rejetée par les filtres des huileries est canalisée en rigole hors unité et atterrit dans le plus proche ravin ou ruisseau en produisant dans son sillage une véritable catastrophe naturelle. À noter qu’aucune plante ne pousse sur son passage, cela en contribuant à la pollution des nappes phréatiques souterraines par infiltration. Dans les communes de Chorfa et d’Aghbalou à titre d’exemple, la margine produite lors de la trituration des olives au niveau d’une dizaine d’huileries de la région finit dans l’Oued Aghbalou lequel se déverse dans l’oued Sahel. Quant au grignon « amegrouch » qui est la pâte asséchée après écrasement et pressage, les propriétaires des huileries la déversent de la même manière en pleine nature par chargement entiers. Ayant le même taux d’acidité, il produit le même effet néfaste de destruction du tissu végétal sinon plus, sachant que son processus de biodégradation s’étale sur des dizaines d’années. La plupart de ces unités de transformation d’olives sont implantées le long de la rivière Assif N’sahel qui est le prolongement naturel de celle de la Soummam, l’un des principaux cours d’eau de l’est du pays qu’elles transforment en réceptacle géant de ces déchets. Aussi, durant les quatre mois de la saison oléicole, la couleur de l’eau de cette rivière vire au noir dont le débit finit sa course 100 km plus loin dans la mer sur les côtes bougeottes. Il faut souligner sur ce volet que ce sont les rejets de pas moins de 500 huileries des deux wilayas Bouira et Vgayet que reçoit ce cours d’eau. Ce qui donne une idée sur son taux de pollution qui ne semble déranger aucune autorité encore moins le mouvement associatif qui se dit protecteur de la nature. Or, il suffirait de l’installation de quelques unités de recyclage comme cela se fait dans tous les pays des rives de la Méditerranée pour en finir avec le phénomène de pollution. Ces rejets des huileries sont recyclés pour servir de composante à plus de 50 % dans la fabrication de savon en morceau dont les célèbres fabrications de Marseille et Evian. Cela en plus de servir pour le chauffage, la fabrication de certains matériaux de construction tels que la brique de chauffage et dans l’aliment de bétail et de compost. Rappelons que durant l’occupation française, le grignon est exporté directement de Bougie par les colons qui détiennent toutes les fermes de l’ex-vallée de la Soummam historique vers la France. Actuellement, ce sont plus de 2000 huileries qui curieusement ont changé de statut passant d’activité agricole à celle industrielle et que rares sont les unités qui respectent les conditions d’exploitation. À défaut de sa transformation sur place, cette matière nocive mais qui reste une richesse peut être exportée dans des pays ayant monté ces unités de recyclage.
O. S.