Le chanteur Boudjemâa Agraw est l’un de ces artistes engagés qui chantent et disent ce qu’ils pensent sans chercher à plaire. Pendant la décennie noire, il est resté dans son pays en continuant, contre vent et marée, à chanter et à lutter contre l’obscurantisme. Aujourd’hui, l’artiste ne semble pas être satisfait de ce qui se passe dans le secteur culturel. Dans cet entretien, il parle de son nouveau produit, de ses projets pour l’année 2018 et d’autres points.
La Dépêche de Kabylie : On ne vous voit plus ces derniers temps. Est-ce lié à une éventuelle préparation d’un nouveau produit ?
Boudjemâa Agraw : Quand on n’a rien à dire, il vaut mieux se taire. Pour la préparation, je viens de terminer un travail qui a duré 2 ans et demi. Et là je viens de commencer l’enregistrement d’un nouveau CD. Cela va certainement prendre deux mois pour le finaliser. Cet album sortira entre mars et avril de l’année prochaine. Pour vous donner l’exclusivité, le titre est « Ur yitskalika ara ».
Le groupe Agraw, c’est toute une histoire, n’est-ce pas ?
Effectivement, mais vous savez que toute histoire a une fin. Néanmoins, je défends toujours ce nom car c’est avec ce nom « Agraw » que j’ai rendu hommage à l’académie berbère dans les années 1980.
La chanson est-elle toujours un moyen efficace pour sensibiliser sur la cause identitaire ?
Oui, la chanson et la continuité de l’histoire, la preuve, si j’ai choisie d’être chanteur engagé, c’est pour crier haut et fort ce que les autres pensent tout bas, car durant les années de braise, le seul moyen de pouvoir s’exprimer était la chanson. Quand j’ai décidé de chanter, ce n’était pas pour devenir une grande vedette ou une étoile, c’était plus pour braver l’interdit du moment que j’avais une chance d’avoir le don de savoir composer une musique et un texte. Et puis, j’aime être l’avocat des pauvres.
Quelle appréciation faites-vous du secteur de la culture à Béjaïa ?
Pour résumer, c’est un secteur frappé de sinistrose. Tout le secteur de la culture à Béjaïa est nul et cela dure depuis des années.
La carte de l’artiste, le travail colossal que réalise l’Onda sont une avancée palpable…
La plus grande satisfaction est venue de l’Onda car ses dernières années, un vrai artiste qui produit chaque année, qui fait dans la création, la bonne musique et le beau texte peut vivre de son travail. Et ce, grâce aux efforts de cet organisme que je remercie au passage pour le travail colossal réalisé par son directeur général, M. Benchikh et tout son staff administratif.
Quels sont vos projets pour l’année 2018 ?
Plusieurs dates figurent dans mon agenda pour l’année qui approche. Je suis programmé, durant les mois de mars et avril au Canada et aux États-Unis, par l’association «Amazigh du Canada». Au passage, pour cette tournée, je tiens à remercier mon ami Said Laceb qui m’a organisé ses spectacles dans ces pays où il y a beaucoup de gens qui m’estiment beaucoup.
Un dernier mot pour conclure ?
J’ai envie de parler de la censure. Savez-vous que je suis toujours censuré, et ce depuis plus de 20 ans par l’Onci, malgré plus de cinq dossiers de presse déposés auprès de leurs services. Concernant la TV4 pour laquelle j’ai milité plus de 40 ans, jusqu’à aujourd’hui, je ne connais pas leurs studios.
Rachid Z.