Et si Si Mohand ou Mhand était conté…

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S. Ait Hamouda Si Mohand ou Mhand était clerc, poète et lettré. Il maitrisait la jurisprudence «Sidi Khelil» et le coran dans son intégralité. Il a vécu la mise à sac de son village natal alors qu’il n’était âgé que d’une dizaine d’années. Plus tard, il a été aligné devant le peloton d’exécution et ne dut la vie sauve qu’à l’intervention d’un capitaine qui trouva sa mort inutile. Après plein de péripéties, la Mitidja, où il a célébré les vendangeurs, Béjaïa, Bone (Annaba) où il a été marchand de beignets, Tunis où il rencontra la déception de sa vie, il fit œuvre d’innovation à l’époque, en inventant les «Tatzi pao», les journaux muraux de la Chine populaire. Il composa un poème qu’il placarda au mur d’un café fréquenté par les enfants du village, où il dénonçait son frère qui, sous l’instigation de sa femme, ne voulait pas de lui. Puis il rentra au pays, à pied, versifiant, buvant, fumant, couchant dans les caravansérails, les hammams et là où la nuit le surprenait dans des couches de fortune. Il laissa trace de son passage dans de merveilleux neuvains que Si Ammar Boulifa, le premier d’entre tous, nous transmit avec son portrait puisque il le rencontra. Ensuite, ce fut au tour de Mouloud Féraoun et Mouloud Mammeri d’en tirer le meilleur de ce que produisait ce poète hors pairs. Pour Mammeri, «la poésie de Si Mohand ou Mhand était fougueuse, comme une charge de chevaux barbes montés à cru par des cavaliers numides». Et elle était plus que ça… Les dits poétiques du barde étaient prémonitoires, à son image. Il rentrait au pays fourbu, crachant ses poumons esquintés, clopinant d’une jambe gangrénée, et la tête chargée de ce que le pays changeant ne pouvait lui offrir. Et il ne demandait rien de rien, il savait que sa patrie était occupée. Il arriva à bout de souffle, le 20 décembre 1905, à l’hôpital Ste Eugénie de Michelet (Aïn EL Hammam), on lui y diagnostiqua une tuberculose pulmonaire. Il rendit son dernier souffle le 28 du même mois et fut enterré au cimetière des étrangers des Ath Sidi Said Outaleb. Tout le reste n’est que légendes et pures inventions…

S. A. H.

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