Sidi-Aïch, une ville commerçante autrefois, se mue de plus en plus en un véritable mouroir urbain pour ses habitants.
Distante de 43 km au sud du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa et traversée de bout en bout par la Soummam, cette ville peine à retrouver ses repères et cherche un second souffle. Dés 18 heures, les magasins baissent le rideau et les rues commencent à se vider. Dés le coucher de soleil, Sidi-Aïch ressemble à une ville fantôme; une réalité qui remet bien en cause le nom de cette ville, «Sidi Aïch, maître de la vie». À l’instar de plusieurs villes du pays, en général, et de la kabylie, en particulier, la situation socioéconomique y est très mauvaise, touchant de plein fouet cette ville de la Soummam qui peine à suivre le rythme de la marche imposée par la société et ses aspirations de croissance. Comment suivre la cadence sans une zone industrielle digne? Hormis quelques projets, à l’exemple de la bibliothèque communale, la salle des fêtes municipale et l’esplanade de Maâla, aucun projet d’envergure n’est inscrit au profit de cette commune, pour la faire sortir de sa léthargie. Concernant l’hygiène du milieu, il suffit d’une petite virée dans les rues et ruelles de la ville, pour s’apercevoir que Sidi-Aïch tend à devenir un grand dépotoir. Les causes sont connues: la gestion catastrophique, le manque croissant de moyens humains et matériels des services municipaux et l’incivisme des citoyens. En effet, des ordures s’entassent à même le sol, dans les coins et recoins de la ville, à proximité de l’APC, des commerces, des arrêts de bus et des quartiers. Aucun espace n’échappe à l’insalubrité qui gagne du terrain chaque jour. Du coté du marché, le bilan d’hygiène est toujours aussi sinistre, à cause des déchets aux relents nauséabonds et l’absence d’une véritable poissonnerie conforme aux règles de salubrité. Pour y remédier, un centre d’enfouissement technique (CET) est en chantier dans la commune voisine de Tinebdar et sera mis à la disposition de 9 communes, à savoir Sidi-Aïch, Sidi-Ayad, Tifra et El-Flay. Une fois opérationnel, la décharge publique intercommunale de Remila, située à l’entrée de la ville en contrebas de la RN26, sera fermée. Cette décharge, faut-il le souligner, constitue un grand problème de santé publique. Les déchets sont dangereusement incinérés et les fumées toxiques, qui s’y dégagent, sont fortement cancérigènes, engendrant également la pollution de l’Oued Soummam. Ce dernier reste abandonné à son propre sort avec des retombées néfastes sur la santé des habitants. Les eaux usées de toutes les communes limitrophes sont déversées sans traitement préalable dans l’Oued. Depuis des années, l’Oued est devenu le réceptacle des huiles usagées, à l’exemple de celles générées par des stations de lavages et graissage et les margines, en cette période de cueillette d’olives, dégradant ainsi les qualités bactériologiques et physicochimiques des eaux de ce Oued. Il est à signaler que la flore de l’environnement immédiat de l’Oued est gravement affectée. Les habitants de la ville de Sidi-Aïch attendent beaucoup des nouveaux élus locaux qui héritent d’une situation peu enviable.
F. A. B.

