Ces projets que Tizi-Ouzou attend désespérément

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L’année 2017 s’achève aujourd’hui sans qu’aucun projet structurant ne soit mené à terme dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Du moins, ceux promis d’être achevés ou livrés avant la date d’aujourd’hui. Un bilan négatif ?

Hormis le raccordement des villages les plus reculés au gaz naturel qui a été mené à bien dans la wilaya de Tizi-Ouzou atteignant 84% de couverture, la quasi-totalité des chantiers d’infrastructures de base ouverts sont soit en souffrance, soit non encore lancés. La population locale est, depuis 2013, gavée de promesses officielles sur tel ou tel projet à mettre à sa disposition sans qu’aucun n’ait encore vu le jour. Ni la pénétrante autoroutière devant la relier à l’autoroute Est-Ouest, du côté de Djabahia (Bouira), ni le téléphérique susceptible de relier la gare multimodale de Kef-Naâdja (Bouhinoun) au sud de la ville vers le Sanatorium de Redjaouna, dans l’extrême nord de la ville, ni le grand stade de 50 000 places, encore moins le nouveau CHU ou la grande salle de spectacle de 5000 places prévus au Pôle d’excellence, n’ont vu le jour. Rien que pour ces grands projets, dont l’annonce faite en grande pompe lors de la fameuse visite de travail de l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal accompagné par 9 ministres, en juillet 2013, a fait naître un grand espoir parmi la population locale. Depuis lors, les dates de début des travaux ou de leur achèvement pour ceux entamés n’ont cessé d’être déférées. Des ajournements qui laissent penser que ces projets vont finir en flope !

Pénétrante envasée, téléphérique suspendu !

Tizi-Ouzou, une wilaya qui tire son économie du commerce et des services, dont pas moins de 60% de ses besoins en produits de consommation ou de matières premières nécessaires à ses PME de transformation proviennent des autres wilayas, est inscrite sur le tableau des localités à relier au grand projet autoroutier Est-Ouest pour lui permettre une dynamique de développement économique mais aussi social. Pour ce faire, un chantier d’une route expresse a été inscrit à son indicatif en 2013, et les travaux ont été officiellement lancés en mars 2014 par un groupement algéro-turc. Ce projet porte sur la réalisation de 48 km d’autoroute, dont 25 km de routes secondaires, 37 ouvrages d’art, 21 viaducs et deux tunnels longs de 1.660 mètres, ainsi que huit échangeurs. Un délai de 60 mois est fixé à l’entreprise pour livrer le projet, soit à mars 2019. Sauf que la cadence des travaux est loin d’honorer ce délai. Lors de sa dernière visite sur chantier en juin dernier, du côté de la wilaya de Bouira, le ministre des Travaux publics a promis la livraison d’au moins une tranche, durant le mois de décembre. À ce jour, rien n’est fait. De l’aveu du directeur des TP de la wilaya de Bouira, «la cadence des travaux est au ralenti ce qui exclut la possibilité de voir ce tronçon livré fin décembre». Le DTP affirme que «faute de crédit de payement, on n’a pas pu mettre les moyens nécessaires pour l’aboutissement du premier tronçon». À l’état où sont les travaux, tout porte à croire que cette pénétrante s’est fatalement envasée, laissant les routiers et autres professionnels dans leur sempiternelles rêveries de rouler, un jour, sur cette route. Idem pour le téléphérique du chef-lieu de wilaya, dont le nom n’évoque à présent que les pylônes hissés comme pour marquer son territoire. En juin dernier, le ministre des Transports, Abdelghani Zaalane, a enjoint les autorités locales de suivre de près les travaux pour pouvoir livrer la tranche de la ligne en télécabines Gare multimodale-siège de la wilaya, long de 2.2 km avant fin 2017. Encore un flop ! Pourtant, le jour même, Zaalane a procédé à la résiliation du contrat avec l’entreprise BAPIVA suite à l’incapacité de cette dernière à honorer ses engagements. D’un coût de réalisation estimé à 8,7 milliards de dinars, ce projet a été lancé en 2013 pour un délai de 24 mois. L’étirement du délai ne semble pas pour autant s’estomper tant qu’il est émaillé d’élasticité temporelle.

Stade de 50 000 places, une autre arène engloutie

«Le stade de Tizi-Ouzou sera prêt pour la saison 2018/2019». Là est la dernière déclaration qui se veut rassurante pour ce méga, et non moins, eternel projet de la wilaya. Le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould-Ali a eu ainsi à se prononcer officiellement sur la fin des chantiers du stade, le 9 décembre dernier. Comme lui, tous ses prédécesseurs se sont adonnés à la joie d’annoncer des dates sans jamais les atteindre. La différence avec la «promesse» d’Ould-Ali est que celle-ci pourrait, néanmoins résider dans le taux des 70% d’avancement des travaux pour le seul stade couvert qui aurait ainsi provoqué l’excitation d’imaginer deux clubs de football fouler sa pelouse la prochaine saison footballistique. À Dieu vat ! Le temps qu’a pris ce chantier pour prendre forme aura, pour ainsi dire, éreinté le sol, englouti des milliards et chapé le phantasme des amoureux des Jaunes et Verts. Peut-être que cette divagation des fans sera ramenée, cette fois-ci, à la réalité pour y être matérialisée. Pas loin du site de ce stade, trois projets annoncés en juillet 2013 ne sont jamais sortis du pallier d’annonces. Il s’agit du nouveau CHU, de la clinique Mère/enfant et de la salle de spectacle de 50.000 places. La projection de ces trois infrastructures s’est imposée d’elle même pour une wilaya durement affectée dans les secteurs de la santé et celui des spectacles et loisirs. Rien que pour le volet de la maternité et de l’enfance, les scandales qui gangrènent le secteur de la santé de Tizi-Ouzou depuis au moins sept ans, avec leurs lots de victimes, qu’elles soient au niveau de la clinique d’accouchement Sbihi ou au sein du CHU Nedir devenus incapables de contenir les flux des parturientes et autres patients, conjugués à une gestion à la limite de l’improvisation, ont été, pour le gouvernement, les arguments précurseurs pour projeter construire de nouvelles infrastructures de santé. Hélas, la crise financière qui sévit depuis 2014 s’est aggravée à tel enseigne de «geler» les deux projets vitaux. Idem pour la salle de spectacle qui, depuis la prononciation de son intitulé administratif, est déclarée mort-née. Quant au Centre anti-cancer, en éternel chantier à Draâ Ben Khedda, l’espoir de le voir achever ressemble, à s’y méprendre, à celui que la faucheuse dérobe aux malades privés de soins de dignité.

M. A. Temmar

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