Sur les traces de l’odyssée berbère

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Lors d’une conférence, organisée dernièrement à Feraoun, le célèbre archéologue Abderrahmane Khelifa est revenu sur la civilisation amazighe.

Selon les propos de ce dernier cette dernière «a survécu à différentes invasions et donné à l’Histoire humaine des personnalités énigmatiques». L’archéologue s’appuiera sur les résultats de ses propres fouilles et de celles d’autres archéologues qui ont révélé, d’une façon claire et sans ambiguïté, les événements ayant émaillé la civilisation numide, vieille de plus d’un million d’années, notamment des traces mises au jour au Pic des singes à Béjaïa. Il citera aussi le squelette de l’homme de Palikao trouvé à Mascara qui date de 750 000 ans et les vestiges dans la vallée de la Soummam qui nous renvoient à plus de 12 000 ans. «L’Algérie n’est pas un bien vacant, elle a existé sous diverses formes à travers les âges. L’histoire de chaque village raconte celle du pays et de toute la région nord africaine», dira le conférencier. Il poursuivra : «Il n’est plus nécessaire de rappeler les gravures et les dessins trouvés à travers des sites bien connus comme le Tassili, le Hoggar, Tipaza, les Aurès et autres. Il faut aussi retenir les épopées qui doivent faire notre fierté aujourd’hui d’appartenir à cette civilisation». M. Khelifa parlera de la personnalité du roi Massinissa, du courage et de la ténacité de Jugurtha, mais aussi de Saint-Augustin sur lequel 60 mille livres ont été écrits à travers le monde sont écrits sur le lui, sans oublier sa mère Mona, dont une ville américaine, Santa Monica, porte le nom, en hommage à cette dame berbère. Le conférencier expliquera qu’en Algérie, ainsi que dans toute l’Afrique du Nord, la civilisation romaine n’a pas empêché les autochtones de s’illustrer dans divers domaines, notamment en agriculture et dans l’élevage, mais aussi en littérature et en techniques de guerre. Pour appuyer ses dires, il évoquera à titre d’exemple Annibal (202 avant JC) qui a envahi Rome, puis Chachnaq vers l’Egypte et Tarik pour l’Andalousie et les iles Ibériques durant l’ère musulmane. Apulée de Madaure, un fils de l’Algérie de la région de M’daourouch Souk Ahras, célèbre dans le monde entier, présent dans des centaines d’ouvrages historiques et d’encyclopédies n’a pas été oublié par l’archéologue Khelifa qui le cita comme «cet érudit berbère qui a vécu à l’époque romaine, plus précisément au 2e siècle après Jésus-Christ, et qui fut le premier romancier au monde». «L’Ane d’or ou les Métamorphoses» fut un récit en 11 tomes écrit par ce romancier berbère, présenté en effet comme le premier livre roman d’Afrique et même du monde. Anticipant sur les questions de l’assistance quant au pourquoi de la disparition de cette civilisation, l’archéologue expliquera : «Plusieurs civilisations ont complètement disparu, mais la notre est toujours là bien que des dommages lui ont été occasionnés à travers les siècles». Le conférencier soulignera par ailleurs l’apport de l’élément amazigh à la civilisation musulmane, citant les empires musulmans berbères, à l’image des «Almohades qui ont instauré l’Adhane en deux langues arabe et amazighe». C’est dire que la civilisation berbère a toujours été ouverte aux autres. «L’Algérie est forte de ses trois dimensions géo-historiques, avec une racine africaine, une partie méditerranéenne et un coté spirituel qui tend vers l’Orient», conclura le chercheur qui peut se prévaloir de 40 ans de fouilles, à travers le territoire national.

Timlahine de Feraoun, plus de 1 500 ans d’âge

Ayant effectué une visite aux salines d’Aït Ounir, Ichekavan et Iadenan, lors de son périple dans la région de Feraoun, l’archéologue assurera : «La voute de la rigole amenant de l’eau salée depuis sa source aux salines seraient anciennes de plus de 1 500 ans et aurait été construite par les autochtones de la région». Ces salines uniques font en effet la particularité de toute la région. Notons que cette conférence entrait dans le cadre d’une journée d’information archéologique initiée par l’association locale de promotion et de loisirs des jeunes «Assalas». Les jeunes membres de l’association ont par ailleurs fait visiter à leur invité un autre endroit connu sous le nom «Aregraj», situé à proximité du village Iguer Ali. Des pierres gravées et des roches aux formes géométriques pourraient en effet faire l’objet de fouilles de l’expert archéologue. Abderrahmane Khelifa, heureux de l’engouement des jeunes de la région pour l’histoire et la civilisation de leurs aïeux, leur a promis de revenir avec toute une équipe et essayer de mettre au jour les trésors que pourrait receler le site.

Nadir Touati

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