La reprise perturbée à l’université

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La reprise des cours a été perturbée, hier, à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou par un mouvement de grève initié au niveau d’au moins trois départements, (Sciences économiques, Sciences politiques et Littérature arabe).

Les étudiants, pour appuyer leur mouvement de grève, ont, dès la matinée, suspendu une banderole au portail principal, sur laquelle ont pouvait lire «Aux responsables irresponsables, nous ne sommes pas vos semblables.» Ils ont, également, interdit l’accès aux véhicules et fermé le rectorat. Selon des étudiants sur place, la grève a été motivée par la programmation des examens «alors qu’on n’a pas avancé dans les cours», dira-t-on. Un communiqué des comités autonomes des étudiants, qui a été placardé à l’entrée du portail principal cadenassé, indique : «La situation qui règne actuellement au sein de notre université est des plus malsaines depuis deux ans. Une autopsie de dégradation que connait l’ensemble des facultés révèle un ensemble de défaillances et de manquements incomblables qui touchent l’institution à des dimensions multiples», soulignent-on. Le document parle aussi «d’une mauvaise planification administrative et de l’incapacité de certains administrateurs à répondre aux exigences de leurs fonctions». Pour illustrer mieux ce propos, ils citeront les retards dans les délibérations, débuts des enseignements, orientations démesurées en licence et master…» Le point sécuritaire revient encore dans le communiqué. À ce propos, les rédacteurs du document n’hésitent pas à parler de l’enceinte universitaire comme carrément un lieu de délinquance où règne l’insécurité (Drogue, réseau de prostitution, agression des universitaires…). Les étudiants fustigent, en outre, les commissions de disciplines qui prennent, dit-on, «désormais le caractère de goulags… l’arbitraire, l’unilatéralisme sont la norme (…) Les étudiants sont les victimes historiques de ces conseil et on n’a jamais connu de conseils paritaires pour corriger les dérapages des enseignants et administrateurs.» Le collectif des comités autonomes appelle enfin la communauté estudiantine «à faire preuve d’engagement pour un changement vers un horizon prometteur de notre université, dans lequel le statut de l’universitaire sera dignement assumé (…)».

Plusieurs mois de grève au département des Lettres arabes

À souligner qu’au département des Lettres arabes, les étudiants sont en grève depuis plusieurs mois. Là les choses sont un peu plus claires, la situation est connue de tous et les revendications aussi. Les conditions d’étude dans ce département sont au cœur de la réclamation. Les étudiants ont transmis leurs doléances au chef de département, au doyen, ainsi qu’au recteur. Ce dernier, dit-on, leur a promis de trouver des solutions à certaines de leurs doléances durant les 15 jours de vacances, «chose qui n’a pas été faite», a constaté le comité du département. Cela les a décidemment incité à continuer la grève entreprise depuis plusieurs mois. Parmi les revendications de ces étudiants, on notera le manque de salles de cours, la délocalisation du bureau de l’association culturelle Mouloud Mammeri à un autre bureau pour récupérer les deux salles occupées, la réouverture de la salle de recherches tout en l’équipant, l’équipement de la salle de lecture par le matériel pédagogique adéquat, l’équipement des deux amphithéâtres, en plus des problèmes de maintenance, d’électricité et de chauffage. Les étudiants du département de langue arabe ont aussi soulevé le problème du concours d’accès au doctorat et exigé le dépêchement d’une commission d’enquête suite à plusieurs dépassements enregistrés lors de ce concours, explique-t-on. Les enseignants, de leur côté, ont marqué leur présence aux différents départements avant d’être surpris par la poursuite de la grève de la part des étudiants.

La grève continue aussi chez les résidents…

De leur côté, les médecins résidents entament leur troisième semaine de grève. Le mouvement de solidarité s’intensifie autour d’eux. Hier, ils ont tenu une AG à la faculté de médecine de l’UMMTO, qui a été marquée par la participation des internes et des externes aussi, en guise de solidarité. Ces derniers ne rejoignent pas le mouvement de grève, ayant des examens importants à passer, mais ils comptent participer à toutes les prochaines actions de protestation, a-t-on appris auprès du porte-parole des résidents Dr Nehlil, résident au CHU de Tizi-Ouzou. «On a décidé de faire appel aux externes et aux internes. Ce qui s’est passé mercredi dernier a renforcé notre détermination», ajoutera-t-il. Les résidents de Tizi-Ouzou comptent rejoindre la marche qui aura lieu à Oran : «C’est un seul mouvement», précisera Dr Nehlil. Pour rappel, les revendications des résidents à l’échelle nationale sont, entre autres, régler leur problème de service civil, service militaire et la sécurité sociale. Les médecins résidents de Tizi-Ouzou comptent organiser une marche pour la semaine prochaine. La date sera arrêtée après une réunion qui se déroulera prochainement et qui regroupera encore les résidents, les internes et les externes, vu qu’ils seront partie-prenante.

Kamela Haddoum.

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