Si l’image pathétique de ces mendiants, brisés par la précarité et les aléas du destin, n’est pas inédite à Amizour, leur nombre a, en revanche, augmenté sensiblement.
Ce fléau de la mendicité est, sans nul doute, symptomatique du nivellement par le bas, affectant de larges pans de la société. De la précarisation à la paupérisation, ces individus sont réduits à tendre la sébile pour survivre. Ils sont de plus en plus nombreux, tous âges et sexes confondus, à se planquer aux quatre coins de la ville, pour se disputer la générosité des passants. Postée à l’entrée du marché hebdomadaire, une femme mal nippée fait la planche, flanquée de sa marmaille. Un peu lus loin, un vieillard drapé dans des loques infamantes, crie famine à la face d’une foule impassible. Plus valides et plus alertes, d’autres mendigots sillonnent les rues de la ville, et certains s’introduisent même dans les boutiques pour quêter pitance. Hirsutes et plus dépenaillés que jamais, des cohortes de subsahariens écument, eux aussi, les dédales de la cité urbaine. Cependant, de rares âmes charitables leur consentent quelques piécettes. Mais le plus souvent, ils font face à l’obstinée insouciance de la plèbe, et parfois même, à son splendide dédain. «Notre destin n’a rien à envier à celui de ces subsahariens. Que peut-on donner quand on a besoin d’une main secourable, afin de remplir le couffin de course ?», s’interroge un citadin, sur un ton goguenard. «Beaucoup parmi ces gens sont de faux mendiants, pas plus pauvres que le commun des citoyens. Ils ont simplement trouvé la parade pour vivre au détriment des autres, comme des parasites», ajoute un autre citoyen d’Amizour.
N. Maouche

