Le docteur Ziri est psychiatre et maître-assistant à l’hôpital psychiatrique Fernane-Hanafi de Oued Aïssi. Depuis six ans, il mène un colossal travail, de recherche et recensement des suicides. Les efforts qu’il a déployés pour tenter de comprendre ce phénomène font de lui, aujourd’hui, l’un des hommes les plus appréciables et les plus fiables du domaine. D’ailleurs la vision qu’il a de la chose est beaucoup moins alarmiste que celle qu’on veut faire passer : “certes, on a eu à recenser de nombreux cas de suicide en Kabylie, mais ces taux sont contrairement à ce qu’on pense, en nette diminution. A titre illustratif il suffit juste de savoir qu’on a enregistré pas moins de 91 cas de suicide à Tizi Ouzou en 1999 contre 71 en 2001, 53 en 2002, 33 pour 2003 et 35 pour 2005…”, nous explique le docteur avant de marteler : “Les régions de Kabylie sont surmédiatisées. Tous les cas de suicide sont immédiatement répercutés sur les quotidiens nationaux. Mais au fond des choses, personne ne peut affirmer que ce taux est élevé ou pas car, il n’y a jamais eu de publication nationale concernant les chiffres des suicides”. Pour ce qui est des causes du phénomène, le Dr Ziri s’est montré encore plus affirmatif : “Vous savez, une personne normale ne se suicide jamais ! les premières causes du phénomène sont les pathologies psychiatriques et les affections mentales et cela est démontré.”Et de reprendre sur un ton solennel : “Il y a bien sûr d’autres facteurs cause de suicide tels que les dépressions sévères, les dissolutions des couples, la pauvreté, l’échec scolaire ou professionnel, la désintégration sociale, la toxicomanie, etc. Mais on ne peut établir de règles générales. Ce qu’il faudrait faire, par contre, c’est de tenter de cerner tous les sujets potentiels et leur assurer une réelle prise en charge…”Pour finir, et dans l’optique d’établir des comparatifs chiffrés du phénomène, le Dr Ziri nous informe que les pays du nord sont les plus touchés par le suicide, la Finlande et la Norvège enregistrent 30 cas pour 100 000 habitants. Sur la rive sud des continents, ce phénomène est beaucoup moins inquiétant. En Grèce et en Italie, par exemple il est de l’ordre de 8 cas pour 100 000 habitants. C’est exactement le même taux recensé en Kabylie.
A. B.
