Les maires dubitatifs

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La rencontre de jeudi dernier qui a réuni les P/APC et les P/APW avec le ministre de l’Intérieur et des collectivités locales a abouti à des recommandations, des orientations et un programme de formation destiné aux élus du peuple.

Le ministre a saisi l’opportunité pour demander aux maires et aux présidents des assemblées de wilaya d’être plus entreprenants et plus créatifs, en vue de créer de la richesse et de l’emploi. Désormais, les élus sont mis devant leurs responsabilités et sont appelés à redoubler d’ingéniosité pour trouver les finances nécessaires et ne plus compter uniquement sur les subventions de l’Etat. L’Etat continuera de subventionner mais pas autant que par le passé. Les collectivités locales doivent compter sur leurs propres ressources et leurs propres moyens. Mais plusieurs d’entre eux avouent la difficulté de la mission. C’est le cas de le dire pour les trois maires que nous avons approchés pour connaître leur réaction. Mouloudj Mouloud, maire d’Aït Bouadou, pense que «les orientations du ministre sont en inadéquation avec la réalité de nos communes. Aujourd’hui, les maires ont besoin de plus de liberté et de prérogative. Les instructions qui viennent d’en-haut ne sont jamais conformes à la réalité. Ce qui est valable à Rouiba, Hassi Messaoud et Oran ne l’est pas à Aït Irane et à Aït Bouadou. Il faut encourager les initiatives locales chacun selon ses moyens et la nature de sa commune. Nous sommes jaloux du développement de notre commune, nous avons quelques initiatives que nous allons discuter avec notre population pour les mettre en œuvre. Nous espérons que l’on ne nous bloquera pas». De son côté, le maire des Ouadhias, M. Akkir Youcef, dira : «Pour créer de la richesse et de l’emploi, il nous faut au préalable du foncier. Alors que dans ma commune nous n’avons aucun centimètre de foncier relevant du domaine public. Il nous faut donc de l’argent pour acheter du foncier à mettre à la disposition des investisseurs, à ce moment-là on pourra parler de la création de richesses et de l’emploi. La seule usine que nous avons à Ouadhias, l’ex-Cometal, est à présent occupée par l’ANP, si on nous la restitue, on pourra en effet créer des richesses et de l’emploi. La richesse ne se crée pas à partir du néant. Il faut d’abord investir pour attendre les retombées». Omar Cheballah, maire de Mechtras, ira dans le même sens : «C’est bien de créer de la richesse mais comment ? Une commune sans foncier, sans zone d’activité, sans zone industrielle, sans marché, sans espace commercial et sans aucune unité artisanale… Notre commune est un no mans land et ne fonctionne qu’avec les subventions de l’Etat. En l’absence du foncier, la mission est difficile», martèlera- t-il. Et d’enchaîner : «La seule unité que nous avons est la SNLB, elle est mise à la disposition de l’ANP. Maintenant que la sécurité est revenue, nous aimerions récupérer ce fleuron de Mechtras. Nous avons une assiette de l’ordre de 7 hectares à Vouavane, elle appartient au secteur de la formation professionnelle, si on l’attribue à la commune, on pourra en effet ramener des investisseurs. Mais en l’état actuel des choses, on ne peut rien faire».

Hocine T.

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