Sit-in de «dignité» du corps médical de l’hôpital

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Pour la 3ème fois en moins d’une semaine, un médecin, ophtalmologue, a été agressé hier matin à l’hôpital Mohamed Boudiaf de Bouira.

Une agression qui intervient au lendemain d’une autre commise sur une femme médecin durant la nuit de vendredi à samedi, et d’une précédente enregistrée mercredi dernier. Les médecins et le personnel paramédical de cet EPH ont, de ce fait, tenu à dénoncer une fois de plus l’insécurité qui règne dans l’enceinte hospitalière en organisant un sit-in hier matin : «Nous sommes regroupé pour exiger la sécurité dans l’hôpital. Il ne se passe pas une journée, une nuit sans que nous soyons agressés verbalement et physiquement. Nous ne sommes pas responsables si les patients et/ou leurs accompagnateurs ne trouvent pas une radio qui fonctionne dans nos services», clame une infirmière désespérée par la tournure des événements à répétition. Pour M. Triki, responsable de la section SAP de l’hôpital Mohamed Boudiaf, il n’est plus possible de travailler dans de telles conditions : «C’est le deuxième sit-in que nous organisons en moins d’une semaine, après celui de jeudi intervenu suite à l’agression d’un médecin mercredi soir pendant sa garde. Dans la nuit de vendredi à samedi, un autre médecin femme a été agressé durant sa garde. Jeudi dernier, lors de notre sit-in, la directrice de la santé est venue sur les lieux et a tenu à nous rassurer verbalement que la DSP fera de son mieux pour améliorer la sécurité au niveau de l’hôpital. Le chef de la sûreté de wilaya a, également, envoyé un émissaire pour nous rassurer en affirmant que la police sera présente dans l’enceinte de l’établissement mais vous voyez, ces promesses n’ont abouti à rien de concret sur le terrain. Les agressions continuent et c’est la débandade. Ce matin, c’est notre ophtalmologue qui a été agressé par l’accompagnateur d’un patient. Nous en avons marre de cette situation d’insécurité et de tous ces dépassements enregistrés au quotidien. Dans de telles conditions, personne ne peut travailler et comment voulez-vous que les médecins prodiguent les soins adéquats dans cette atmosphère de violence ? On travaille la peur au ventre !» se plaint le syndicaliste. Ce dernier affirme que le personnel ne reprendra le travail qu’après avoir reçu des garanties. D’ailleurs, le personnel médical avait exigé que les autorités se déplacent sur les lieux avant de reprendre leur service. «Il s’agit là pour nous de dire stop à toute forme de violence et de pression que nous subissons chaque jour. Aujourd’hui, nous tenons un sit-in pour notre dignité», clamera la femme médecin agressée vendredi soir. «Des voyous en manque de drogue, des personnes en états d’ivresse, des dépressifs… sont autant de personnes que l’on rencontre chaque nuit dans les couloirs de l’hôpital. Nous avons peur pour nos vies et aucune autorité ne veut mettre un terme à ce climat d’angoisse. Pourquoi donc? » se lamente une infirmière désemparée. Pour M. Djamel Boutmer, directeur de l’hôpital Mohamed Boudiaf de Bouira, la seule et unique solution pour mettre un terme à la pression subie par le personnel médical et paramédical serait de désengorger l’hôpital : «Il faudrait que l’EPSP de Bouira nous assiste en s’organisant pour recevoir les urgences qui n’en sont pas réellement. De même, il faut réfléchir à l’ouverture d’un autre point d’urgence en ville pour diminuer le flux de malades qui viennent ici. Cet hôpital prend en charge toute la population du chef-lieu et ses alentours, soit plus de 200 000 personnes. C’est immense», déplore-t-il. Par ailleurs, notre interlocuteur souligne que chaque jour, des cas d’agressions sont signalés dans l’enceinte de cet établissement, et en général cinq à six dépôts de plainte sont effectués chaque mois par la direction de l’hôpital pour des agressions ou des cas de casse ou de dégradation. Une insécurité flagrante qui a poussé les protestataires à réclamer une fois de plus, le renforcement des agents de police. Une revendication exigée par le personnel médical et paramédical qui regrette le fait que, depuis mai 2017, l’effectif des policiers dans cette structure hospitalière a été revu à la baisse «malgré les nombreux écrits adressés au chef de la sûreté de wilaya qui n’ont pas été pris en compte», souligne-t-on auprès des protestataires.

Hafidh Bessaoudi

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