Au terme de deux mois de grève, les blouses blanches ont marché hier à Tizi-Ouzou. L’action s’est déroulée sans accros et les résidents ont manifesté leur désapprobation des résultats de la réunion intersectorielle tenue la veille.
Les résidents de la wilaya, ainsi que les médecins, professeurs, assistants, internes et externes, qui les ont rejoints, ont sillonné la ville des Genêts, allant de la faculté de médecine de l’université Mouloud Mammeri jusqu’au siège de la wilaya. Bien que la marche ait été décidée à l’échelle locale, cela n’a pas empêché des résidents de faire le déplacement depuis Béjaïa, Médéa, Bab El Oued, Douéra et Bouira, pour participer à la marche. «Respect, dignité et solidarité» étaient les mots d’ordre de la manifestation. «S.O.S résidents en détresse», «Non à la répression des médecins», «Non à la mauvaise gestion», étaient, entre autres, les slogans clamés haut et fort tout au long du trajet. «La marche a été décidée depuis plusieurs semaines, mais ce qu’il s’est passé à Alger, puis à Oran, nous a ralentis. Nous avons fini par retenir la date d’aujourd’hui (Ndlr hier). Et ce qu’il s’est passé hier avec la commission intersectorielle nous a encore plus motivés», expliquera Dr Nehlil, porte-parole des résidents et membre de leur bureau national. Il expliquera : «La réunion avec la commission intersectorielle n’a pas répondu à nos attentes. Nos collègues participants ont même été surpris de constater que leurs interlocuteurs ne connaissaient même pas nos revendications. Le ministère de la Santé était pourtant censé transmettre nos revendications aux autres départements». Pour rappel, ladite commission est composée de représentants des ministères de la Santé, de la Défense, du Travail, de l’Enseignement supérieur et des Finances. Estiment que la gestion de cette crise est «un fiasco», ils déplorent le fait que «deux mois de formation et de soins des malades aient été perdus, sans être pris aux sérieux». «Ailleurs, au bout de trois jours de grève des médecins, le ministre démissionne. Chez nous, c’est la politique de la sourde oreille», dénoncent-ils. Pour rappel, les médecins exigent notamment que «soit enlevé le caractère obligatoire au service civil». A ce propos, le porte-parole explique : «Il suffirait d’améliorer nos conditions de travail au Sud pour que l’on veuille aller y travailler volontairement». Le ministre de la Santé, Pr Hesbellaoui, avait répondu négativement à cette revendication, estimant qu’elle ne dépendait pas de son département uniquement. Une autre revendication majeure des médecins consiste en leur «exemption du service militaire» comme le stipule la Constitution. Les femmes médecins revendiquent, quant à elles, «le droit au congé de maternité sans pression». S’agissant des revendications sociales, le ministre a répondu favorablement, explique Dr Nehil. Les résidents espèrent par ailleurs «la révision» de leur statut. Les biologistes, pour leur part, espèrent avoir «le droit d’ouvrir des laboratoires». Nous apprendrons que le mouvement national des résidents a prévu un sit-in et une marche à Alger, pour aujourd’hui. Une marche nationale est aussi prévue prochainement à Tizi-Ouzou, selon les organisateurs.
Kamela Haddoum.

