Le président de l’APW de Béjaïa Mehenni Haddadou, d’obédience FFS, qui a remporté une majorité relative, dévoile dans cet entretien sa feuille de route.
La Dépêche de Kabylie : Présentez-vous aux lecteurs ?
Mehenni Hadadou : Avant d’être élu P/APW, j’étais, durant le mandat précédent, P/APC d’Akfadou. Je saisis, d’ailleurs, l’occasion pour saluer l’ensemble des citoyens de la wilaya. Je leur présente les vœux de l’APW, en leur disant, à l’occasion de Yennayer, Assegas ameggaz, tout en leur demandant d’avoir une pensée pour ceux et celles qui se sont sacrifié(e)s, par leur combat et leur engagement, afin que tamazight soit officiellement constitutionnalisée.
Vous avez été élu par 36 de vos pairs à la tête de l’APW, alors que pour la constitution de l’exécutif, le FFS n’a fait appel qu’aux élus du FLN…
Nous avons aussi sollicité les élus du RCD, mais ils ont refusé notre proposition. Cette dernière portait sur une vice-présidence non permanente et sur la présidence de deux commissions. Malgré cela, nous nous engageons à gérer dans la transparence et les élus s’impliquerons pour une véritable gestion collégiale.
Lors de l’installation de l’exécutif, les élus de la liste indépendante ont contesté la méthode qui serait contraire au code de wilaya…
Le code de wilaya est clair. Ils ont remis en cause l’installation de la commission ad hoc, chargée de l’élaboration du règlement intérieur. Ce jour-là on devait régulariser officiellement son installation. En effet, on l’avait constituée rapidement auparavant, pour parer au plus pressé. Ces élus avaient délégué leur représentant, mais le jour de son officialisation, ils se sont retirés.
Concernant les APC dont les exécutifs n’ont pas encore été installés, comment comptez-vous contribuer au dénouement de la situation ?
Nous ferons de notre mieux pour débloquer le maximum de communes. D’ailleurs, nous l’avons fait dans beaucoup d’entre elles. Les communes de Tibane et de Souk El-Tenine viennent d’être débloquées. Pour les autres, on fera de notre mieux pour que les nouveaux élus entament leur travail dans l’intérêt suprême de la population. Pour le cas de Boudjellil, nous avons rappelé la nécessité d’organiser des élections partielles du moment qu’elles n’ont pas pu se tenir le 23 novembre dernier. Il y a aussi le cas de Taourirt Ighil. En effet, un ancien problème ressurgit à chaque fois et empêche l’installation de l’APC. Pour éviter le pourrissement, nous avons sollicité l’intervention du ministère de l’Intérieur.
Pour ce qui est de l’APW, comment était la situation dont vous avez hérité ?
L’APW est un organe délibérant. Pour la situation globale, la wilaya de Béjaïa accuse un immense retard pour son développement. Il y a 143 projets structurants qui sont gelés pour le simple fait qu’ils n’aient pas été lancés à temps. Nous déploierons tous les efforts nécessaires pour parvenir à les dégeler, à commencer par le CHU, les établissements scolaires et l’achèvement de la pénétrante autoroutière.
En quoi consiste votre programme ?
Les membres de l’APW ont décidé de promouvoir tamazight par des actions concrètes, en attribuant, à cet effet, des financements pour «l’amazighisation» de l’environnement, en plus de l’inscription et l’achat d’ouvrages et manuels en langue amazighe, au profit des établissements scolaires. Nous allons également apporter notre soutien et notre contribution aux initiatives culturelles des jeunes, visant à la vulgarisation de la langue et culture amazighes. Par ailleurs, nous préparons l’organisation d’un colloque sur la démocratie participative, et l’APC de Béjaïa sera la commune pilote. Il se déroulera au campus d’Aboudaou. L’ensemble des élus locaux, l’administration et le mouvement associatif seront invités. On va créer un cadre pour concrétiser l’exercice de la démocratie participative. Enfin, nous allons tracer un programme de sorties des membres de l’APW. Nous allons passer à travers les 52 communes de la wilaya pour rencontrer les élus locaux, le mouvement associatif et les citoyens. Nous allons recueillir leurs doléances pour faire un constat global, et ce afin de tenter d’y remédier. Notre devise est d’aller à la rencontre du citoyen.
Il y a quand même des priorités ?
Absolument. Nos priorités sont l’hygiène publique, la santé et l’éducation.
Pour l’environnement, comment allez-vous faire pour éradiquer les décharges sauvages ?
L’EPIC, créé à cet effet, entamera son travail incessamment. C’est cet établissement qui contribuera à la résorption du problème des ordures dans la wilaya de Béjaïa. Il commencera par la daïra de Béjaïa, avant d’élargir son champ d’intervention vers les autres communes de la wilaya.
Béjaïa a-t-elle besoin d’autres programmes ?
Il y a beaucoup d’autres programmes non lancés, comme celui de l’électrification inscrit à l’indicatif de la wilaya. Certaines localités n’ont pas été raccordées au gaz de ville, un projet pour lequel nous allons demander une rallonge financière. Par ailleurs, nous allons demander au ministère de l’Intérieur de réévaluer la cagnotte des PCD et des cagnottes spéciales pour la réhabilitation des chemins communaux, l’habitat rural et l’électrification rurale.
Vous êtes à votre deuxième mois de travail. Quelle est la relation qu’entretient votre assemblée avec l’administration?
Nous travaillons dans l’intérêt de la population en tant qu’organe délibérant et de contrôle. Donc, nous entretenons une relation que doit avoir un organe de médiation entre la population et l’administration. Mes pairs et moi-même allons travailler ensemble, tout au long du mandat, dans le but d’améliorer les conditions de vie de tous les citoyens.
Interview réalisée par A. Gana

