SOS patrimoine en détresse !

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Le village d’Ighil Ali, qui fut fondé vers la moitié du 16ème siècle par des habitants venus du village Ath Abla, est aujourd’hui en ruines. La particularité qu’a cette capitale des Ath Abbas est son tissu urbain ancien. Les quartiers populaires d’Ath Djemââ, de Tazayart et d’Ath Moussa sont les plus anciens d’après les quelques personnes âgées connaissant l’histoire de cette localité. Ces «casbahs» typiquement kabyles gardent encore les vieilles maisons traditionnelles construites à la pierre sèche et coiffées de tuiles romaines. Les ruelles sont typiquement kabyles, étroites et bordées de part et d’autres de maisons d’un style architectural ancien. Les visiteurs, qui emprunteraient ces venelles, feraient un voyage dans le temps, tant les lieux n’ont pas connu un grand changement, nonobstant quelques nouvelles maisons construites récemment qui tranchent avec le décor dans une opposition flagrante entre la modernité et le passé. Des portes anciennes sont toujours utilisées, dénotant de l’attachement des habitants à tout ce qui est ancestral. Ces portes ont été fabriquées, il y a plus d’un siècle de cela, par les fameux ébénistes du village Tabouâanant, à 20 km d’Ighil Ali. Il est à souligner que ces ouvrages, fabriqués dans ce village, ont été acheminés vers Ighil Ali en pièces pour être montés in situ. On y trouve des portes portant des signes des trois religions monothéistes, à savoir le christianisme, le judaïsme et l’islam, trois communautés qui vivaient en paix et en symbiose à cette époque. Il est à signaler également que les «casbahs» d’Ighil Ali, comme Ath Moussa, Tazayart et Ath Djemââ, sont touchées par l’urbanisation galopante et leur architecture ancestrale est menacée par l’avancée du béton. Des pâtés de maisons anciennes sont défigurées avec des matériaux inappropriés, comme la pierre sèche «homologuée» au parpaing dans un décor chaotique. D’autres habitations patrimoniales sont tout bonnement démolies pour de nouvelles constructions amochant carrément les lieux. Cet état de fait n’a pas laissé indifférentes certaines personnes jalouses du patrimoine ancestral qui appellent à la protection desdites «casbahs», témoins d’une vie d’antan chargée d’histoire. «L’inconscience veut que ces maisons typiquement kabyles soient détruites pour ériger en place de nouvelles demeures sans respect de l’architecture ancestrale. Si seulement on pouvait sauver ces «casbahs» de la défiguration urbanistique avec une classification de ce lieu comme patrimoine. C’est toute l’histoire d’Ighil Ali qui s’en ira, si ces maisons traditionnelles sont démolies. Il faut penser à les préserver coûte que coûte, en sensibilisant leurs propriétaires», préconise un amoureux du patrimoine kabyle.

Syphax Y.

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